Intervention de François Rebsamen

Réunion du 2 avril 2015 à 9h00
Guide de pilotage statistique pour l'emploi — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de François RebsamenFrançois Rebsamen :

Il s’agit de comptabiliser tous les emplois non pourvus, bassin d’emploi par bassin d’emploi, métier par métier, et de préciser de manière systématique pourquoi ils ne sont pas pourvus. Or, je le répète, la tâche est d’une immense difficulté, car elle est à la fois de longue haleine – d’autant que les outils n’existent pas forcément – et coûteuse, il faut bien le dire, même si, monsieur Desessard, vous n’aimez guère qu’on invoque ce dernier argument.

Il faut donc mobiliser les travaux déjà réalisés à l’échelle nationale ou territoriale pour orienter les moyens de l’action publique et favoriser l’embauche.

Cette proposition de résolution nous donne une piste à suivre : il nous faut absolument harmoniser les méthodes de calcul, de façon à être en mesure de faire des comparaisons.

Vous le savez, la rencontre entre offres et demandes d’emplois devient elle-même un véritable marché, auquel s’intéressent de plus en plus d’entreprises. Du reste, vous l’avez dit, de nombreuses start-up se créent en ayant pour projet de faciliter la tâche de l’entreprise offrant un poste ou de la personne en recherche d’emploi, et ainsi de permettre une meilleure adéquation entre offre et demande sur le terrain : bientôt, il suffira de consulter son smartphone pour savoir si une offre d’emploi correspond à sa recherche dans un rayon de deux kilomètres !

Nous devons tenir compte de ces évolutions à venir. C’est pourquoi nous créons un « emploi store » au sein de Pôle emploi.

Il existe déjà beaucoup d’études sur les difficultés de recrutement et leurs causes, que ce soit au niveau national ou au niveau territorial. Ces enquêtes montrent d’ailleurs la grande diversité des situations selon les secteurs et les territoires.

Au niveau national, il s’agit essentiellement de l’enquête de besoin de main-d’œuvre de Pôle emploi, des indicateurs de tensions par famille professionnelle de la DARES, des travaux des observatoires prospectifs des métiers et des qualifications au niveau des branches professionnelles et, enfin, des travaux des comités de filières. Les partenaires sociaux sont aussi à pied d’œuvre pour améliorer l’adéquation entre employeurs et candidats.

Le Conseil d’orientation pour l’emploi va croiser toutes les données disponibles sur le plan national afin d’identifier les métiers où l’on constate le plus de difficultés de recrutement. Nous allons même plus loin : France stratégie a d'ores et déjà identifié les postes qui seront le plus nécessaires à l’horizon 2022 ; nous devons nous y préparer par la formation.

À cet égard, monsieur Desessard, je vous indique qu’il existe des formations courtes qui sont immédiatement qualifiantes. Vous avez cité l’exemple de Burger King. Or cette entreprise va tout de même créer 3 500 emplois cette année. Ce ne sont sans doute pas les emplois dont vous rêvez, monsieur le sénateur, mais un emploi est un emploi ! Chaque chômeur embauché après une formation, qu’elle soit courte ou longue, se voit offrir une chance et éventuellement une perspective de réussite ! En tout cas, je tiens à le souligner, il existe des formations très courtes qui fonctionnent très bien, d’autant que certaines personnes ont besoin d’une simple adaptation, non d’une certification.

Je signale par ailleurs que, en deux mois, 22 000 formations viennent d’être certifiées. Qui valide ces formations ? Les partenaires sociaux, via le Comité paritaire interprofessionnel national pour l’emploi et la formation, le COPANEF, qui est spécifiquement en charge de cette mission. Depuis le 1er janvier dernier, 1 200 000 comptes personnels de formation ont été ouverts.

Il peut s’agir de formations assez longues, certifiantes, ou de formations plus courtes, organisées par les branches professionnelles et destinées à répondre rapidement à une demande.

Les indicateurs de tension par famille professionnelle de la DARES sont déclinés régionalement. De plus, les enquêtes de besoin de main-d’œuvre sont accessibles à l’échelle des bassins d’emploi. C’était d’ailleurs l’idée défendue par Jean-Louis Borloo lors de la création des Maisons de l’emploi.

Les données identifiant et expliquant les causes des emplois durablement non pourvus existent. L’enjeu essentiel est donc l’exploitation de ces travaux à des fins opérationnelles par les différents acteurs concernés.

L’exploitation de ces données doit permettre de mener des actions concrètes de communication, de soutien aux entreprises dans leurs démarches de recrutement et aussi de favoriser la construction d’une offre de formation adaptée aux besoins des entreprises.

Le combat est donc engagé pour faire baisser le nombre d’emplois durablement non pourvus. Dans cette optique, nous adoptons une méthodologie ambitieuse, fondée sur l’identification des métiers où se posent le plus de difficultés de recrutement. C’est cette méthode qui a permis la réussite des formations prioritaires.

Forts de cette méthode, nous agissons dès maintenant, de manière concrète, selon trois axes principaux.

Premier axe : chercher à mieux connaître et faire connaître les opportunités de recrutement et le profil des candidats. Pôle Emploi met en œuvre un programme « transparence du marché du travail » permettant d’agréger et de diffuser des offres et des CV grâce à des partenariats avec les acteurs de l’emploi en ligne. J’ai déjà mentionné le projet d’« emploi store », grande innovation dont vous entendrez encore parler.

Par ailleurs, des procédés tels que le recrutement par simulation ont été mis en place ; ils ont montré leur efficacité pour répondre le plus rapidement et le plus précisément possible aux besoins des entreprises.

Deuxième axe : appuyer et accompagner les recruteurs. Pôle emploi développe son offre de services pour appuyer et conseiller les entreprises qui souhaitent recruter. C’est le fruit de la convention tripartite signée le 18 décembre 2014.

Troisième axe : orienter, former et favoriser la mobilité des demandeurs d’emploi Les aides à la mobilité ont été réformées en vue de les rendre plus simples et plus accessibles, particulièrement pour les TPE-PME, qui constituent a priori le plus grand gisement d’emplois.

J’ai mis en place un plan contre le chômage de longue durée, que j’ai présenté au niveau européen. Je souhaite que l’Europe agisse dans ce domaine et propose de nouveaux services pour rendre plus mobiles les chômeurs très éloignés de l’emploi.

En outre, vous le savez, puisque vous êtes tous sur le terrain, les DIRECCTE sont mobilisées sur cette thématique comme sur tous les enjeux de recrutement et de gestion de l’emploi que rencontrent aujourd’hui les TPE-PME.

Vous l’aurez compris, nous agissons pour diminuer la part d’offres d’emplois non pourvus pour cause de difficultés de recrutement.

Comme le laisse entendre la proposition de résolution, identifier les métiers et les territoires sur lesquels nous devons concentrer notre effort est effectivement un enjeu crucial. À cet égard, sachez que l’enquête « Offre d’emploi et recrutement » de la DARES est en préparation : elle nous permettra d’analyser les embauches de la rentrée 2015 et d’ajuster les dispositifs.

Pour autant, le développement d’un outil plus global prendrait du temps – il faudrait définir en amont les bonnes méthodologies statistiques – et engendrerait des coûts importants. C'est la raison pour laquelle, malgré tout l’intérêt que je porte à cette proposition de résolution, elle ne me paraît pas totalement opportune.

Nous disposons déjà d’un organisme statistique, la DARES…

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