Intervention de Elisabeth Borne

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 13 mai 2015 à 9h00
Audition de Mme élisabeth Borne candidate proposée aux fonctions de président-directeur général de la régie autonome des transports parisiens ratp

Elisabeth Borne :

Absolument. Je veux dire que chacun peut bénéficier d'un tarif adapté à sa situation. La RATP mobilise beaucoup de moyens pour lutter contre la fraude, 1 000 agents sont affectés au contrôle. J'observe cependant que le taux de recouvrement des amendes reste inférieur à 20% ; il y a donc des progrès possibles. Reste que le sujet est complexe et suppose d'adapter l'action selon le type de réseau, fermé pour le métro, ouvert pour le bus. Il faut aussi bien comprendre quel est le profil des fraudeurs. J'ai souvenir que lors de la mise en place de la carte Imagine R, nous avions considérablement réduit la fraude chez les jeunes. Cela participe de l'éducation des comportements, dans un pays où l'opinion publique ne réprouve pas la fraude autant qu'ailleurs.

Vous avez évoqué, monsieur Filleul, les questions de sécurité. La sécurité ferroviaire est la priorité de toute entreprise de transports. La sécurité des personnes, qui doivent pouvoir se sentir tranquilles dans leurs déplacements, sauf à se détourner des transports en commun, est aussi un sujet important. La RATP a fait beaucoup d'efforts, en équipant son réseau en videoprotection, y compris dans les bus. Le taux d'élucidation est ainsi plus important que sur le reste de l'espace public, et l'effet dissuasif compte aussi. J'ajoute que le groupe de protection et de sécurisation des réseaux (FPSR) travaille en liaison étroite avec la police et la gendarmerie. Cette politique, qui pourra entrer dans l'élaboration du prochain contrat avec le STIF, a certes un coût, mais il importe de rassurer les voyageurs, même si les statistiques sont, sur 2014 et le premier trimestre 2015, encourageantes. Le plan Vigipirate renforcé n'y est sans doute pas étranger.

La signature du prochain contrat, monsieur Cornano, sera un moment important pour la RATP, y compris au plan financier, puisque 50 % de ses recettes viennent du STIF. Il était prévu qu'elle intervienne à l'été. Si vous m'accordez votre confiance, je souhaite avancer rapidement. Ce contrat donne de la visibilité à l'entreprise. Un gros travail a été mené sur le contrat précédent, et il ne s'agit pas de tout remettre à plat, car les 140 indicateurs définis donnent des moyens de pilotage efficaces, même s'il reste à progresser sur certains sujets - régularité, sécurité, propreté. Si un accord peut être rapidement conclu avec le STIF, cela sera vécu positivement au sein de l'entreprise. Reste que l'on ne peut ignorer les élections régionales à venir, qui pourraient conduire à adapter le calendrier ou à procéder par avenant.

Ce que j'ai appelé des conditions de travail motivantes, madame Tocqueville, recouvre le cadre de travail, mais aussi les relations entre l'autorité organisatrice des transports et l'entreprise. La tendance, ainsi qu'on l'observe à l'étranger, est à un interventionnisme croissant des autorités organisatrices. Il est important, à mon sens, de laisser une certaine latitude à l'entreprise de transport, car perdre totalement la main sur le pilotage peut être démotivant.

La qualité de la relation avec la SNCF est essentielle ; elle détermine la qualité du service rendu au voyageur. Un important travail a été réalisé l'an dernier sur le RER B. Les deux entreprises ont montré, sous l'impulsion du STIF, qu'une exploitation unifiée améliore grandement la qualité du service rendu et la régularité. Des coopérations existent aussi dans d'autres domaines ; les deux entreprises travaillent ensemble sur la signalisation du projet Eole. Il est bon également que la RATP poursuive son développement à l'international, ce qui exige des besoins de financement importants, et les deux entreprises ont su s'accorder pour répondre en partenariat à de grands appels d'offre, au Moyen-Orient notamment.

Je suis très motivée par le projet « Bus 2025 » qu'a évoqué M. Cornano. Le bus souffre d'être considéré comme un mode de transport insuffisamment propre. Travailler à développer des bus électriques ou au gaz est une bonne chose. Sans compter que s'y engager ouvrirait à nos constructeurs nationaux la perspective d'un marché mondial, sachant que dans certains pays, comme la Chine, la pollution devient un enjeu majeur.

Vous m'interrogez, monsieur Pointereau, sur la polémique dite des chrétiens d'Orient. Je reste très prudente, car les questions en jeu sont délicates. L'entreprise est attachée aux principes de neutralité et de laïcité ; elle a d'ailleurs travaillé sur une charte interne. Je pense que dans cette affaire qui a beaucoup ému les représentants des chrétiens d'Orient, la laïcité n'était pas en cause, ainsi que l'a reconnu Pierre Mongin, qui, en mettant en place un comité d'experts indépendants, a engagé pour l'avenir l'entreprise dans une démarche que je salue.

M. Aubey m'interroge sur l'extension de l'offre au-delà de l'Ile-de-France et la part que pourrait prendre la RATP dans le développement de l'autocar interurbain. Pour les territoires dont la desserte ne relève pas de modes lourds, il est important, à mon sens, de mettre en place une offre de transports en commun adaptée. Une fois le projet de loi sur la croissance et l'activité adopé, il sera bon que la RATP entreprenne de prendre position sur ce marché des autocars, qui peut aussi être une réponse à l'échelle mondiale aux problèmes de mobilité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion