Intervention de André Vallini

Réunion du 21 octobre 2015 à 14h30
Déplacés environnementaux — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de André ValliniAndré Vallini :

Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, au nom de M. Laurent Fabius, retenu à Bonn pour une réunion préparatoire à la conférence climatique et dont je vous prie de bien vouloir excuser l’absence, je remercie ceux qui sont à l’origine de ce projet de résolution. Ce texte vise à promouvoir des mesures de prévention et de protection des déplacés environnementaux.

Les causes des déplacements liés au dérèglement climatique sont connues : événements climatiques extrêmes, élévation du niveau des mers, fonte des glaciers, détérioration des écosystèmes, baisse de la production agricole, sécheresse, inondations...

Comme vous l’indiquez dans ce projet de résolution, madame Benbassa, l’accélération du dérèglement climatique risque d’accroître les déplacements de populations, en particulier celles qui sont les plus vulnérables et exposées aux événements météorologiques.

Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, une augmentation du niveau des mers de cinquante centimètres, qui pourrait se produire avant la fin du siècle, forcerait 72 millions de personnes à se déplacer. Avec une montée des eaux de deux mètres, le nombre serait de 187 millions.

L’Observatoire sur l’étude des déplacements de population estime en moyenne à 27, 5 millions le nombre de personnes ayant quitté leur foyer chaque année entre 2008 et 2013. L’Asie mais également le Sahel et les États insulaires d’Océanie et des Caraïbes sont les zones les plus touchées. Les États de l’OCDE ne sont pas non plus épargnés, notamment le Japon et les États-Unis. Le haut-commissaire adjoint des Nations unies pour les réfugiés a indiqué que, d’ici à 2050, 250 millions de personnes pourraient être contraintes de quitter leur foyer en raison des catastrophes naturelles et des effets du dérèglement climatique.

Face à ce défi immense, la communauté internationale se doit d’agir et de faire preuve de solidarité pour trouver des solutions en faveur des personnes obligées de quitter leur environnement en raison des événements liés au climat.

Les accords de Cancún de 2010 préconisaient l’adoption de mesures propres à favoriser la compréhension, la coordination et la coopération concernant les déplacements du fait des changements climatiques. Des progrès importants ont été obtenus, notamment grâce à des initiatives comme l’initiative Nansen, mise en place en 2012 à la suite des accords de Cancún et de la Conférence d’Oslo sur le changement climatique et les migrations de 2011. Il convient donc de continuer dans cette voie.

Une meilleure coopération entre les différents mécanismes doit également permettre de mettre en cohérence les stratégies en matière de réduction des risques, de réponse humanitaire et d’adaptation au changement climatique.

Notre ambition pour la COP 21 est d’obtenir un accord historique permettant de maintenir le réchauffement climatique mondial en deçà de deux degrés Celsius. La lutte contre les changements climatiques permettra d’éviter que des millions de personnes ne soient obligées de quitter leur lieu de vie. C’est un enjeu important de la Conférence de Paris, auquel le ministre des affaires étrangères et du développement international est particulièrement sensibilisé.

À ce titre, la France vient de participer à la Conférence Nansen, organisée par les gouvernements de la Suisse et de la Norvège, les 12 et 13 octobre dernier à Genève. La France appartient au Groupe des amis de l’initiative Nansen et a suivi ses travaux depuis sa création, au mois d’octobre 2012. L’initiative Nansen a notamment conduit des consultations dans les régions du monde les plus touchées, ce qui a permis de faire avancer la connaissance de ce phénomène.

Ces travaux ont abouti à la présentation d’un Agenda pour la protection des personnes déplacées au-delà des frontières dans un contexte de catastrophes naturelles et de changement climatique. Cet agenda, qui s’appuie sur les résultats des consultations régionales, établit trois priorités pour le futur : premièrement, l’amélioration de la connaissance du phénomène et de la collecte des données ; deuxièmement, la promotion de mesures de protection, qui incluent des mécanismes permettant de trouver des solutions durables, par exemple en harmonisant les approches régionales ; troisièmement, le renforcement de la prévention des risques dans les pays d’origine.

Ces trois priorités doivent permettre à la communauté internationale de mieux anticiper ces déplacements et de définir des actions opérationnelles, afin d’y faire face et de trouver des solutions durables. Pour les mettre en œuvre, il sera nécessaire de coordonner les acteurs concernés par ces problématiques, en premier lieu les États, mais aussi les organisations internationales, comme l’Organisation internationale pour les migrations et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

La France a accepté cet agenda et s’est engagée à promouvoir les mesures concrètes qu’il prévoit, notamment au sein des institutions européennes et internationales. Cet engagement va dans le sens des actions proposées dans ce projet de résolution et le Gouvernement s’en félicite.

En conclusion, mesdames, messieurs les sénateurs, en vue de la COP 21 dont la date approche, nous avons sensibilisé nos partenaires. M. Laurent Fabius a rencontré les membres des gouvernements les plus touchés : il s’est rendu au Bangladesh et nous avons organisé le 9 septembre dernier une réunion avec les ONG et les agences des Nations unies sur le lien entre crise humanitaire et dérèglement climatique. Sur ce sujet crucial, nous resterons évidemment mobilisés pendant la COP 21, et au-delà.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion