Le gaspillage alimentaire me touche d’autant plus que je suis maire d’une commune qui compte sept groupes scolaires. Lors de mes visites, j’ai eu l’occasion de mesurer la difficulté pour les agents de faire face au gaspillage. Nous venons d’ailleurs d’établir un diagnostic : 51 % des denrées cuisinées sont gaspillées – un chiffre alarmant ! Nous nous sommes fixé un plan pluriannuel, qui prévoit de réduire ce chiffre à 20 % d’ici à la fin de 2018.
L’article 3 consacre l’idée qu’il faut mettre en place un plan de lutte contre le gaspillage alimentaire dans les restaurants scolaires. Bien sûr, il convient de dialoguer avec les enfants, lors de la prise des repas, pour les inciter à manger, d’organiser des temps de sensibilisation et de prendre en compte leur avis et celui des accompagnants pour faire évoluer les recettes.
Cependant, toutes ses bonnes intentions se heurtent à des contraintes tout aussi louables. L’enfant a notamment l’obligation d’avoir toutes les composantes du repas sur son plateau, quels que soient ses goûts.
Des recommandations nutritionnelles s’imposent ainsi à la restauration collective. Dictées par le groupe d’étude des marchés « Restauration collective et nutrition », elles ont pour objectif d’améliorer la qualité nutritionnelle des repas, compte tenu des données nouvelles concernant la santé publique. Il s’agit en particulier de lutter contre l’obésité infantile.
Les objectifs nutritionnels visent à diminuer les apports de glucides ajoutés, à rééquilibrer la consommation des lipides, à apporter davantage de fibres, à augmenter les apports en fer et la consommation de fruits et légumes, etc. Pour y parvenir, une réglementation d’application obligatoire datant de 2011 s’impose à la restauration scolaire. Les grammages des portions servies et la fréquence de services de plats sont contrôlés.
Toutes ces recommandations et obligations favorisent un équilibre nutritionnel, mais entraînent davantage de gaspillage alimentaire. L’éducation au goût prend du temps, et cela engendre du gaspillage et des pertes financières.
Depuis le 1er janvier 2016, une recommandation, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en application de la dernière étape de la loi Grenelle 2 en ce qui concerne les biodéchets, favorise la mise en place, dans les restaurants, du doggy bag ou « box anti-gaspi ». Cette recommandation permet aux restaurateurs de réduire notamment le nombre de leurs biodéchets.
Si les doggy bags sont très répandus dans les pays anglo-saxons, les Français ne sont pas habitués à emporter leurs restes. À tel point que, en Rhône-Alpes, la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt a mis en place une nouvelle appellation et un slogan pour démocratiser cette pratique. Le doggy bag s’appelle désormais le « gourmet bag », et le message est le suivant : « C’est si bon, je finis à la maison ! » Une telle mesure appliquée dans les restaurants scolaires permettrait une sensibilisation des nouvelles générations et une image plus positive du concept.
Je souhaitais apporter cette illustration pour vous indiquer, mes chers collègues, que l’article 3 ne suffira pas. Éduquer et informer pour agir contre le gaspillage alimentaire est une nécessité dans la restauration scolaire, mais il reste beaucoup à faire et une réflexion plus large s’impose.