L’article 11 prévoit de renforcer les obligations d’information des entreprises éditrices vis-à-vis des lecteurs. Nous proposons d’aller un peu plus loin, afin de garantir l’indépendance et le pluralisme des médias.
Cet amendement vise donc à assurer l’information des lecteurs, via les mentions légales de chaque numéro, concernant l’exercice de fonctions exécutives nationales, locales, ou d’un mandat parlementaire, autrement dit d’une fonction politique, par le propriétaire, le dirigeant ou l’un des principaux actionnaires de l’entreprise éditrice.
Renforcer ainsi la transparence en portant de tels liens à la connaissance du public permettrait assurément de mettre en lumière des situations potentielles de conflits d’intérêts. Ces situations existent !
À l’intention de ceux qui en douteraient, je citerai l’exemple que je connais le mieux : celui du patron de presse du Sud-Ouest, Jean-Michel Baylet, qui vient d’être nommé ministre après deux défaites électorales, et qui était président-directeur général du groupe de presse La Dépêche. « Chatouillé » par les problèmes que cela pourrait poser, il a eu la bonne idée de confier les rênes du groupe à son épouse et à son fils, mais demeure actionnaire majoritaire.
Personne ne semble s’offusquer de cette situation pour le moins baroque, qui dure depuis des années, de conflit d’intérêts flagrant. Je propose donc un moyen pour, a minima, en informer le lecteur.
Pour les besoins de mon argumentation, je citerai simplement le journal La Dépêche du Midi daté du 12 février dernier, le lendemain de la nomination au Gouvernement de Jean-Michel Baylet. Le quotidien agitait évidemment l’encensoir devant le nouveau gouvernement, et en premier lieu devant celui qui venait d’y entrer. « Président jusqu’au bout », titrait le quotidien, la nouvelle équipe gouvernementale étant qualifiée de « gouvernement de combat », de « gauche du possible, qui veut avancer les yeux ouverts et tourner résolument le dos aux incantations des beaux parleurs ».
Les exemples locaux sont légion de cas où quiconque n’ayant pas le même courant de pensée que le journal et son dirigeant bien-aimé est, au choix, ignoré ou vilipendé et, le cas échéant, étrillé.
Il existe donc des situations flagrantes de conflits d’intérêts ; la Haute Assemblée s’honorerait d’y mettre un terme.