Intervention de Nathalie Goulet

Réunion du 8 juin 2016 à 14h30
Sanctions de l'union européenne à l'encontre de la fédération de russie — Discussion générale

Photo de Nathalie GouletNathalie Goulet :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je dispose de quatre minutes ; c’est court, surtout quand on passe après notre collègue Claude Malhuret.

Je souhaite vous faire part d’une histoire personnelle. Mon grand-père est né à Kiev, à l’époque en Russie. Il a participé à la Première Guerre mondiale, durant laquelle il a été fait prisonnier par les Allemands à Sébastopol, en Crimée, toujours en Russie. Je connais donc bien l’histoire de cette région.

Depuis lors, il y a évidemment eu des guerres, des traités internationaux et des redécoupages des frontières. Nous vivons une centaine d’années plus tard. Nous allons prochainement célébrer les accords Sykes-Picot et l’on connaît bien les difficultés causées par les découpages résultant de ces traités, de ces guerres, qui sont parfois contraires à la volonté de peuples. D’où, précisément, un certain nombre de problèmes que nous devons affronter aujourd’hui dans une sorte de Rubik’s cube, notamment au Proche-Orient et au Moyen-Orient.

La proposition de résolution européenne qui nous est soumise manque sacrément de références européennes, elle est franco-française et elle appelle l’Europe à lever les sanctions contre la Russie. Cela étant dit, sa rédaction est particulièrement ambiguë, monsieur le secrétaire d’État.

D’abord, elle se contente de « regretter » ; nous avons donc adopté ce matin en commission des affaires étrangères un certain nombre d’amendements qui visent à « condamner », car le simple regret n’est pas acceptable notamment en ce qui concerne l’occupation de la Crimée.

Bien des choses ont été mentionnées jusqu’à présent, mais le texte de la proposition de résolution ne vise pas uniquement à lever les sanctions contre les parlementaires russes ; si l’on s’était contenté de cela, cette proposition aurait été parfaitement audible, tout à fait compréhensible dans le cadre d’une reprise des négociations, mais ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit : on nous demande de lever aussi les sanctions économiques !

Or le régime des sanctions, avouez-le, mes chers collègues, c’est tout de même le règne du « deux poids, deux mesures ». Nous venons de le constater avec le nucléaire iranien ; chacun s’est félicité au sein de cet hémicycle des sanctions contre l’Iran, qui ont produit des effets. Donc, dans un cas, elles seraient efficaces, mais, dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, elles seraient sans importance ! Et je ne parle pas des pays ni des conflits dans lesquels les sanctions sont tout à fait exclues ! Ainsi, il n’est jamais, jamais question de sanction dans le conflit israélo-palestinien !

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