… mais cet exemple est loin d’être unique –, les pays de consommation ne bénéficient aucunement des retombées fiscales liées à l’activité de ces sites. Or ce sont bien les pays les plus peuplés d’Europe, ceux où se trouvent les gisements de consommation les plus importants, qui sont directement touchés puisque les publicités en ligne sont d’autant plus efficaces qu’elles s’adressent à un large public de consommateurs. Ce public, il est en Allemagne, en France, au Royaume-Uni ; il est moins nombreux en Irlande ou dans les autres États plus faiblement peuplés.
Aussi, cette taxe rétablirait l’équité entre les États sièges de ces plateformes Internet et les États de résidence des consommateurs, dont les comportements sont orientés par les publicités diffusées sur ces sites.
Deuxièmement, cette taxe permettrait d’établir un traitement équitable entre les différents supports de publicité, à savoir la publicité audiovisuelle, la publicité radiophonique et la publicité dans la presse écrite traditionnelle. En effet, la publicité à la télévision étant assujettie à des taxes, le maintien du statu quo aurait pour conséquence d’entretenir une vraie distorsion de concurrence au bénéfice des plateformes établies dans les pays à fiscalité très basse.
Troisièmement, nous avons voulu respecter le droit communautaire. Pour ce faire, nous avons recherché différentes formules.
L’année dernière, nous avions évoqué la taxation des hébergeurs, mais celle-ci ne s’est pas révélée efficace et elle a été critiquée à juste titre.
En définitive, nous avons considéré que la bonne formule consistait à prélever une faible taxe sur l’annonceur, établi en France, de services de publicité en ligne. Cette taxe serait assise sur le montant, hors taxe sur la valeur ajoutée, des sommes versées et ne concernerait que les transactions électroniques business to business, dites « B2B », c'est-à-dire les transactions effectuées entre entreprises. Elle serait acquittée dans les mêmes conditions que la taxe sur la valeur ajoutée. De la sorte, l’administration fiscale serait compétente pour assurer le contrôle du dispositif dans la mesure où le redevable de la taxe serait établi en France.
D’après les estimations en notre possession, le produit de cette taxe se situerait entre 10 millions et 20 millions d’euros si l’on appliquait un taux de 1 % sur les transactions réalisées, ainsi que nous le proposons.
L’enjeu est économique : il s’agit de rétablir la neutralité du marché publicitaire. C’est aussi un enjeu d’équité, car la neutralité fiscale est une exigence renforcée dans un secteur aussi sensible que les médias et l’information.
Nous avons vraiment la conviction, monsieur le ministre, que la taxation des annonceurs est la seule bonne solution compte tenu de la localisation hors de France des principaux vendeurs d’espaces publicitaires en ligne, dont j’ai cité le plus connu d’entre eux. Il s’agit de prélever une partie très modeste des flux financiers qui s’orientent vers ce type d’entreprise.
Pour l’ensemble de ces raisons, la commission souhaite vivement l’adoption de cet amendement.