L'un de nos collègues a parlé tout à l'heure de bilan ; il me semble que l'agriculture et l'agroalimentaire de notre pays n'ont pas besoin de bilan, mais d'une stratégie d'avenir.
M. le ministre, vous avez souligné l'effort budgétaire accompli en faveur de l'enseignement agricole. De fait, on ne parle pas assez de l'engouement qui se manifeste pour cette filière, ni du délai extrêmement court, plus court que dans toutes les autres filières, qui sépare la fin d'études d'un jeune et son entrée dans la vie active. La création de 1 000 postes supplémentaires dans l'enseignement agricole profitera non seulement à l'agriculture, mais aussi aux autres secteurs d'activité, puisqu'un nombre notable de jeunes gens formés dans cette voie ne restent pas dans le secteur agricole.
Pour préparer l'avenir, il faut, même en situation de crise, continuer d'investir. Il est donc essentiel que le budget de l'agriculture pour 2017 comporte des crédits fléchés vers l'aide à l'investissement, notamment dans les secteurs en crise, comme l'élevage. Les périodes difficiles sont l'occasion de rebattre les cartes et de réfléchir de manière plus hardie pour imaginer de nouvelles perspectives.
Vous avez mentionné la création de 60 postes de vétérinaires pour, notamment, contrôler les abattoirs. Ces postes supplémentaires n'apporteront rien sur le plan de la sécurité alimentaire ! Je ne le dis pas pour critiquer, mais parce qu'on est en train de tomber dans le piège d'images parfois choquantes, mais qui ont aussi été exploitées. Il y a des abattoirs qui fonctionnent bien. Malheureusement, dans notre pays, on a tendance à parler surtout de ce qui va mal... Peut-être les mesures prises amélioreront-elles le bien-être animal dans la phase finale avant l'abattage, mais elles n'apporteront rien du point de vue de la compétitivité ni du point de vue de la qualité sanitaire, qui est déjà élevée.
Cette année, la situation ne s'est pas redressée en ce qui concerne les productions animales et les conditions climatiques ont été très mauvaises ; de nombreuses productions sont dans une situation très dégradée, de sorte que le vieux dicton paysan « il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier » n'a pas fonctionné. Le budget présenté pour 2017 n'est pas à la hauteur des pertes financières supportées par l'agriculture. En particulier, les moyens alloués à l'aide aux agriculteurs en grande difficulté sont très insuffisants au regard de la gravité de la situation.
La dégradation des marchés est aussi liée à la situation internationale, notamment à l'embargo décidé par la Russie. Or l'Union européenne ne met en oeuvre aucun accompagnement budgétaire significatif sur des crédits extérieurs à la PAC. En d'autres termes, on fait supporter par le seul budget agricole les conséquences financières d'une décision politique européenne !
En ce qui concerne les zones défavorisées, il est nécessaire que le ministre nous apporte des éclaircissements. N'oublions pas que la France a été pionnière en Europe pour la politique de compensation des handicaps naturels ! Il ne s'agirait pas que nous soyons les perdants du nouveau zonage, parce que nous n'aurions pas été suffisamment attentifs aux critères définis à Bruxelles.
S'agissant de l'installation des jeunes, je regrette que nous ayons manqué l'occasion de nous rapprocher des pays du nord de l'Europe, où des prêts de carrière facilitent l'accès du plus grand nombre au métier d'agriculteur.
Par ailleurs, je signale que tous les paysans continuent de payer pour le fonds national de gestion des risques en agriculture, alors que tous ne peuvent pas en bénéficier ; en effet, dès lors qu'une calamité est assurable, le fonds ne peut pas être sollicité. Dommage que nous n'ayons pas été beaucoup plus offensifs sur la stratégie à adopter en matière de calamités.
Enfin, le fonds stratégique de la forêt et du bois suscite une grande espérance, mais la réalité n'en est pas à la hauteur. Chaque année, notre pays gagne en forêt, mais perd en reboisement, alors que la forêt qui est une ressource pour l'économie est celle qui résulte d'un reboisement maîtrisé. L'attente est très forte, mais le budget pour 2017 n'est pas au niveau de l'ambition que l'on doit avoir en matière forestière !