Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je suis satisfait de la tenue de ce débat sur le Massif central, et je remercie nos collègues du groupe du RDSE d’avoir pris cette initiative.
Les principaux chiffres ont été rappelés : 3, 8 millions d’habitants, quatre régions dorénavant, vingt-deux départements, des grandes métropoles situées en dehors du massif, trois villes importantes – Clermont-Ferrand, Limoges et Saint-Étienne.
Malgré d’incontestables atouts et une forte authenticité de vie, ce vaste territoire, très rural, apparaît de manière globale comme singulièrement défavorisé par rapport à d’autres zones de la nation, plus peuplées, plus industrialisées, plus connues à l’extérieur de ses frontières et donc considérées comme plus attirantes, et ce, même si les autoroutes A20, A89, A71 et A75 permettent aujourd’hui de le traverser. À cet égard, permettez-moi de rendre hommage à Jacques Chirac !
Par où commencer ?
Sans doute par l’agriculture. Le Massif central représente 15 % du territoire français, où sont élevés près de 30 % et 55 % des cheptels bovins et ovins nationaux. La prairie occupe 70 % de la surface agricole utile et le troupeau allaitant représente 35 % du cheptel national.
La situation des éleveurs de cette région est, aujourd’hui, très préoccupante. La filière de la viande et celle du lait connaissent des prix de vente souvent inférieurs à ceux de la production. On note aussi des difficultés pour le ramassage du lait pour certaines laiteries et des charges plus importantes que dans d’autres pays, ce qui entraîne de nombreuses faillites.
Le fait que le projet de réforme des zones défavorisées prévoit de diminuer leur périmètre et le retard, désormais chronique, du versement des aides agricoles n’augurent rien de bon.
La conjonction de l’ensemble de ces éléments a pour inévitable conséquence l’aggravation, au fil des ans, de la désertification du territoire : 90 000 actifs agricoles aujourd’hui dans le Massif central, exploitant 3, 5 millions d’hectares. Combien demain ?
À ces difficultés s’ajoutent les évolutions sociétales et la baisse de la consommation de viande. Les agriculteurs locaux et le président du service interdépartemental pour l’animation du Massif central, le SIDAM, en sont bien conscients et travaillent sur la valorisation de la production. La piste la plus avancée consisterait à valoriser et différencier, auprès des consommateurs, les viandes produites à base d’herbe, la véritable spécificité du Massif central. L’État et la politique agricole commune doivent les soutenir davantage dans ce projet.
La situation des exploitants forestiers n’est pas non plus reluisante. Il y a beaucoup de forêts dans le Massif central et elles sont confrontées à de lourds problèmes de gestion, d’investissement, de transformation, de promotion et, donc, de compétitivité. C’est dire si nous attendons beaucoup du projet de loi Montagne, bientôt examiné par le Sénat, en particulier dans ses volets relatifs à l’exonération de taxes et de compensations forestières lors de déboisement et à la suppression de la notion de zones de tranquillité pour les espèces animales et végétales sauvages.
Les emplois agricoles diminuant, nous devons soutenir, par des aides spécifiques de l’État, que ce soit dans le cadre des zones de revitalisation rurale, les ZRR, ou des zones franches rurales, et de la région, les porteurs de projets et le développement de l’artisanat et des PME.
Cela est absolument indispensable pour maintenir la vie en zone rurale, au travers de la mise en place d’un guichet unique – idée chère au sénateur Alain Bertrand –, dans lequel sont impliqués l’État, la région, les départements et les chambres consulaires.
Si nous voulons attirer les jeunes dans ces territoires et maintenir la vie, nous devons soutenir les bourgs-centres, en particulier en ce qui concerne le maintien des commerces, mais aussi apporter une aide au tourisme rural, qui est très fragile et doit être valorisé : pôles de pleine nature, développement des événements, aides à la mise en place de nouveaux équipements, requalification des hébergements, développement de l’e-tourisme et valorisation de l’idée de destinations touristiques.
L’un de nos collègues a indiqué précédemment qu’il n’y avait pas beaucoup de chômage dans cette région, mais il y a en fait moins d’actifs et davantage de retraités que dans les autres territoires.