L’amendement du rapporteur général est un cas typique de fausse bonne idée. Celui-ci propose en effet de prélever 130 millions d’euros sur les ressources du Centre national du cinéma, au motif que la progression des recettes de cet organisme ne devrait pas lui faire oublier de participer à l’effort de réduction de la dépense publique.
Oui, c’est une fausse bonne idée, car on doit se garder, en matière de création en général et, en la circonstance, de création cinématographique et audiovisuelle, de simples considérations comptables.
À quoi servent les ressources du CNC ? À constituer, développer, entretenir et protéger notre patrimoine cinématographique.
Le CNC a une mission de service public essentielle : faciliter la création cinématographique en France, notamment grâce à l’avance sur recettes, dispositif qui nous a permis de continuer d’avoir un grand nombre de cinéastes créateurs. La France demeure le seul pays en Europe où l’industrie cinématographique soit viable. Les créateurs d’autres pays se débattent souvent dans de grandes difficultés, bien plus sévères que les nôtres.
Le résultat est connu : certes, les films français ne sont pas tous de grands succès et les succès critiques n’assurent pas toujours le remplissage des salles, mais il reste que ces films attirent chaque année 30 % à 40 % des spectateurs des salles, un taux qu’on ne trouve nulle part ailleurs en Europe pour les productions locales.
Nous devons donc au mode de financement de notre cinéma de disposer encore d’une industrie cinématographique. On dénombre, dans cette industrie, des dizaines de milliers d’emplois, avec des métiers fort divers, depuis les artistes jusqu’aux techniciens de tournage.
Le CNC s’intéresse de surcroît à la préservation du patrimoine. Le coffret très récent qui vient d’être édité sur l’œuvre magnifique de Pierre Étaix est un exemple de ce que le CNC promeut.