Il faut ajouter qu’une industrie cinématographique active, un cinéma vivant, créateur et divers, sont des outils de rayonnement culturel et de réussite économique. Les films français trouvent leur public dans notre pays, mais aussi, assez souvent, à l’étranger, ce qui contribue à une moindre dégradation de notre commerce extérieur.
En 2009, les films français à l’étranger ont réalisé 66 millions d’entrées et 350 millions d’euros de recettes, au seul titre de l’exploitation en salles. Tout cela a beaucoup à voir avec l’architecture originale mise au point à la Libération, qui fait coopérer – c’est un cas unique – privé et public pour assurer et garantir la création cinématographique.
Mes chers collègues, avant de vous demander de voter, comme nous, contre cet amendement, permettez-moi d’apporter encore deux ou trois précisions.
Couper de tels crédits, c’est d'abord mettre en cause la numérisation des petites et moyennes salles, qui a été souhaitée récemment, ici même, au travers de l’adoption d’une loi.
Aujourd'hui, le Sénat ne peut pas ne pas contribuer par son vote au maintien des petites et moyennes salles dans nos communes. Or l’amendement proposé ici tend en quelque sorte à programmer la disparition de ces équipements si précieux : soit on favorise le numérique jusque dans ces petites et moyennes salles, soit on condamne celles-ci à en rester à l’analogique, dont la place va inéluctablement décroître.
Couper de tels crédits, c’est aussi s’inscrire en faux contre le grand emprunt, dont on nous ressasse les qualités, mais qui, pour le moment, n’a guère d’effets.
Couper de tels crédits, c’est en fait dénoncer l’amputation, dans le budget du ministère de la culture, de 25 millions d’euros de crédits qui servaient pour la Cinémathèque et pour l’éducation artistique et culturelle, des missions que le CNC devra bien reprendre !
Tous, ici, nous sommes intéressés à la numérisation des cinémas et des films. Comment un vote du Sénat irait-il à l’encontre de ce mouvement pour les seules petites et moyennes salles de nos villes ?
Mes chers collègues, rappelez-vous la boutade de Péguy : « Je n’aime pas les gens qui réclament la victoire et qui ne font rien pour l’obtenir, je les trouve impolis. » Notre vote doit être une manifestation de politesse envers le cinéma et ses nouveaux enjeux, dont les petites et moyennes salles sont parties prenantes jusque dans les quartiers les plus éloignés, jusque dans les plus petits bourgs.
N’oublions pas, au surplus, que le cinéma a été inventé en France. Un peu de Lumière, chers collègues ! §