Intervention de Gélita Hoarau

Réunion du 23 novembre 2010 à 14h30
Loi de finances pour 2011 — Article 13

Photo de Gélita HoarauGélita Hoarau :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’article 13, dans sa rédaction actuelle, met fin à l’impératif d’autonomie énergétique pour les collectivités d’outre-mer d’ici à 2030, alors que celui-ci pourrait être atteint à la Réunion avant la date prévue.

En effet, actuellement, 40 % de la production d’électricité réunionnaise est obtenue à partir d’énergies renouvelables. La concrétisation de ce projet permettrait une économie en consommation de pétrole de plus de 500 millions d’euros pour la Réunion.

La politique en faveur du développement de l’énergie photovoltaïque a permis à ce département d’acquérir un véritable savoir-faire en matière de production, de distribution et de stockage de cette énergie. Son exploitation est certes encore en phase expérimentale, mais ce savoir-faire est néanmoins reconnu et exporté à travers le monde.

Des projets de recherche et de développement ont été lancés : plus de 3 millions d’euros ont été investis dans des petites et moyennes entreprises et des collaborations ont été mises en place avec des grands groupes français et européens tels qu’Areva et Schneider.

Sur le territoire de la Réunion, l’énergie photovoltaïque connaît un essor considérable, regroupe aujourd’hui une quarantaine d’entreprises et représente environ 1 700 emplois. Des filières de formation post-baccalauréat ont été créées ; une école d’ingénieurs a notamment été ouverte à l’université de la Réunion en septembre dernier.

Le solaire tient donc une place prépondérante dans le « mix énergétique » du département, et ce malgré des conditions différentes de celles qui prévalent en métropole. La rentabilité de la production d’électricité photovoltaïque est en effet plus faible, notamment en raison de la non-application de l’éco-prêt à taux zéro et du tarif maximum de rachat de l’électricité, lequel est fixé à 0, 352 euro par kilowattheure à la Réunion, contre 0, 58 euro par kilowattheure en France continentale. Cette différence tarifaire est due à l’absence de construction intégrée, absence liée aux contraintes cycloniques présentes à la Réunion. Il semblerait que ces paramètres n’aient pas été pris en compte lors de la rédaction du présent article.

Concomitamment à ce constat, nous reconnaissons la nécessité pour le Gouvernement de mieux maîtriser les dépenses fiscales et de mettre un terme aux dérives de la défiscalisation, aux fraudes et spéculations qui, signalons-le, restent des pratiques marginales, dénoncées d’ailleurs autant par les parlementaires que par les professionnels.

Pour y parer, il existe des solutions autres que la diminution brutale du crédit d’impôt, laquelle hypothèque de fait l’avenir d’une filière porteuse d’innovation et d’emplois dans les outre-mer et altère considérablement les préconisations du projet Réunion-2030 GERRI – Grenelle de l’environnement à la Réunion-Réussir l’innovation –, des lois Grenelle 1 et Grenelle 2, ainsi que de la loi pour le développement économique des outre-mer.

Dès lors, l’article 13 doit être amélioré par le biais d’amendements prévoyant des mesures spécifiques aux territoires ultramarins.

Ces modifications concernent tout d’abord le calendrier et la composition de la commission prévue par l’amendement du Gouvernement qui a été adopté par l’Assemblée nationale. Il serait souhaitable d’inclure au sein de cette commission un groupe représentatif des entreprises du secteur du photovoltaïque implantées sur les différents territoires et de fixer l’échéance de publication de ses conclusions, non pas en juin, mais dès le début de l’année 2011, afin de réduire au maximum la mortalité des entreprises, donc la suppression des emplois, dans un département déjà franchement sinistré à cet égard.

Une autre des modifications proposées vise par ailleurs à instaurer une diminution progressive du crédit d’impôt, qui passerait dans un premier temps de 50 % à 35 % – et non à 25 % –, puis baisserait jusqu’en 2014. Cette première baisse produirait une économie de 200 millions d’euros dès 2011.

Enfin, il s’agit de réguler le marché en mettant en place des quotas de production annuels, de manière à éviter des flux importants en fin de période, et en répartissant ces quotas par tranches d’opérations afin de garantir la survie des opérateurs locaux.

J’apporterai donc mon soutien aux amendements allant dans le sens des modifications que je viens d’évoquer.

Monsieur le ministre, nous sommes conscients que la défiscalisation doit être une mesure non pas structurelle mais structurante. Toutefois, eu égard à ses spécificités et à son potentiel, la filière photovoltaïque dans les outre-mer constitue une piste pour le développement endogène et, à ce titre, elle doit être maintenue.

Je ne doute pas qu’un consensus pourra être trouvé à cette fin.

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