Intervention de René Danesi

Commission des affaires européennes — Réunion du 5 juillet 2016 à 19h00
Institutions européennes — Audition de M. Harlem Désir secrétaire d'état chargé des affaires européennes sur les conclusions du conseil européen des 28 et 29 juin

Photo de René DanesiRené Danesi :

M. le ministre a indiqué à juste titre que la jeunesse était une grande priorité de l'Europe, ajoutant qu'au Royaume-Uni, les jeunes avaient voté pour le maintien dans l'Union européenne. Certes, les 18-24 ans se sont prononcés à 66 % pour le maintien mais leur participation était réduite à 36 % ; pendant ce temps, les seniors ont voté pour la sortie à 60 %, avec une participation de 80 %. Cela signifie que 48 % des seniors se sont déplacés pour voter pour la sortie, contre 25 % des jeunes en faveur du maintien.

Les jeunes sont les favoris des personnalités politiques et des médias, mais ce sont les seniors qui décident des élections, sans doute parce que, pour eux, le vote n'est pas qu'un droit mais aussi un devoir, et que les jeunes se sentent de moins en moins intégrés dans le système économique, la plupart d'entre eux constatant qu'ils servent de variable d'ajustement sur le marché de l'emploi.

Lors du référendum de 2005 en France, les seniors avaient voté « oui » à 58 % et les 18-24 ans avaient voté « non » à 56 %. Rappelons la célèbre phrase du président Chirac : « Je ne vous comprends pas. »

En janvier 2014, la Fondation Jean-Jaurès a enquêté sur une éventuelle sortie de l'euro. En Italie, le « oui » l'emporterait chez 55 % des 18-24 ans et 21 % des seniors ; en Espagne, « oui » chez 41 % des jeunes et 24 % des seniors ; en France, « oui » pour 30 % des jeunes et 22 % des seniors.

La jeunesse souffre, passant des petits boulots à l'exil économique : songez aux jeunes espagnols qui travaillent en Allemagne. Cette jeunesse adhère de moins en moins à l'Europe, à la différence de la jeunesse Erasmus qui a toutes les raisons de la défendre. Les seniors sont plus européens car plus proches de l'histoire difficile de l'Europe, mais aussi parce qu'ils ont un patrimoine à défendre ; or la sortie de l'euro ne serait pas la meilleure façon de le faire. Pour réenchanter le rêve européen, il faut des actes. La politique économique européenne, dans le sillage de la mondialisation, doit être revue. Le dumping social et fiscal poussera les jeunes européens à voter systématiquement contre l'Union européenne. La jeunesse doit être son ardente priorité ; il ne suffit pas de promettre de la mobilité. Il faut donner aux jeunes des raisons d'adhérer à l'ensemble du système européen.

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