Demandez aux Croates : en tant que membre de l'Union, ils sont tenus d'enregistrer tout le monde, comme nous le faisons, nous, à la frontière serbe.
Qui traiter avec générosité, qui avec rigueur ? Toute la difficulté est là. Il faut être généreux envers les réfugiés et les persécutés. La Hongrie respecte la Convention de Genève, à condition de préciser quelles populations en relèvent : cela concerne-t-il 50 %, 60 %, 90 % des migrants ? Ce n'est pas réglé. « Rigueur envers les autres » : tout réside dans cette phrase, véritable bombe à retardement. Des centaines de milliers de personnes ne seront pas reconnues comme réfugiés. Peut-on leur montrer la porte ? Quel homme politique aura le courage de les renvoyer massivement vers des pays instables ? On n'arrivera jamais à faire la distinction.
L'opinion publique hongroise est en phase avec la position du gouvernement, et le sujet dépasse les clivages partisans : l'opposition de gauche est profondément divisée et même silencieuse, car tous les sondages montrent que son électorat est favorable à la politique du gouvernement en matière d'immigration.
On parle souvent d'un pseudo-euroscepticisme hongrois. Les sondages - hongrois ou Eurostat - montrent que la Hongrie est l'un des pays les plus attachés à l'Union européenne - avec un taux de 55 à 60 % supérieur à la moyenne européenne ou aux chiffres français. Certes, les Hongrois sont plus réservés sur le fonctionnement de l'Union européenne, mais moins que la moyenne communautaire.