Intervention de Didier Marie

Commission des affaires européennes — Réunion du 1er octobre 2015 à 8h30
Justice et affaires intérieures — Crise migratoire en europe - communication de m. jean bizet

Photo de Didier MarieDidier Marie :

Je tiens à vous féliciter, Monsieur le Président, pour votre intervention précise et large à la fois. Il faut parler de crise humanitaire et non migratoire, au vu de son ampleur. Les réfugiés sont 5 à 6 millions, dont plus de 2 millions en Turquie et environ un million au Liban - des réservoirs considérables. La crise durera, nous devons nous y préparer. La pression extrême sur les pays d'accueil a été identifiée : l'Italie - dont on parle moins ; la Hongrie ; la Grèce - démunie face à un flux qui augmente sans cesse. Il n'existe qu'un centre d'enregistrement des migrants à Athènes, alors que les réfugiés débarquent par milliers sur les îles frontalières de la Turquie. L'Europe est à un tournant. Cette crise est révélatrice de sa capacité à affronter les difficultés. Soit elle affirme sa solidarité, soit elle y échoue et les égoïsmes nationaux prennent le pas.

L'intervention russe en Syrie a-t-elle frappé l'État islamique ou des rebelles plus modérés ? Elle accroît la pression sur la population locale et ainsi le flux de réfugiés.

L'Europe doit faire montre de solidarité et apporter une réponse globale. Les accords de Schengen, en danger, doivent être respectés. La réponse politique passe par une sécurisation des frontières extérieures - le président de la Commission va proposer un texte créant des gardes-frontières et des garde-côtes. L'Europe et d'autres membres du conseil de sécurité de l'ONU doivent peser pour obtenir l'autorisation d'intervenir en Méditerranée afin de mettre les passeurs hors d'état de nuire. Après avoir fermé les frontières pour un temps donné, il faut aussi les rouvrir dans les délais indiqués et ouvrir des centres d'accueil communautaires à l'intérieur de l'espace Schengen et pas seulement dans les pays limitrophes. La hausse des moyens est encore trop limitée. Alors que la coordination de la politique étrangère européenne devrait être renforcée, on entend peu la Haute représentante de l'Union européenne.

Il faut aussi refonder la politique de codéveloppement. Les migrants sont aussi poussés par des motifs économiques. La solution serait qu'ils puissent rester chez eux.

La situation crée un risque de tension politique extrême en France. Songeons aux déclarations de ces derniers jours... Ne jouons pas sur les peurs ! Le débat sur le droit des étrangers au Sénat, pour ne pas être instrumentalisé, doit être mené en responsabilité face à une opinion publique proche du point de bascule entre l'égoïsme et une solidarité fragile.

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