Intervention de Elisabeth Doineau

Réunion du 22 février 2017 à 14h30
Quel rôle les professions paramédicales peuvent-elles jouer dans la lutte contre les déserts médicaux — Débat organisé à la demande du groupe de l'udi-uc

Photo de Elisabeth DoineauElisabeth Doineau :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, la lutte contre les déserts médicaux est un sujet qui me préoccupe. La Mayenne est le troisième plus important désert médical de France. L’ensemble du département est concerné, les territoires ruraux comme la ville-préfecture de Laval, le premier comme le second recours.

Les professions paramédicales peuvent-elles jouer un rôle pour lutter contre la désertification médicale, garantir l’accès aux soins et la qualité des soins pour tous ?

Mon intervention s’inscrit dans une démarche de témoignage.

Il s’agit tout d’abord, à mon sens, de construire une réponse à l’échelle des territoires.

La réflexion s’est instaurée le plus souvent à l’échelon intracommunal dans mon département. Mais elle a été conduite avec l’expertise d’un chargé de mission, embauché en partenariat par le conseil départemental et l’ordre des médecins de la Mayenne. Son travail pour ce qui concerne la mise en place d’un observatoire, l’animation de travaux d’enquête auprès des professionnels, la mise en lien de tous les acteurs a été fédérateur et a permis une vision départementale.

Pour aboutir à une réponse adaptée, un travail concerté entre les élus et les professionnels de santé est indispensable. Dans la plupart des territoires, ces derniers se sont entourés de tous les acteurs institutionnels du champ sanitaire et médico-social, ainsi que des associations d’usagers.

La création de maisons de santé pluridisciplinaires a également pu s’orienter sur des pôles de santé adossés à un hôpital local, voire à des EHPAD.

Le partage de pratiques et de ressources entre professionnels de santé est alors une culture d’exercice qui permet une meilleure coordination entre personnel médical et paramédical. Il facilite les coopérations et intègre la médecine de ville dans les organisations de soins sur le territoire.

S’agissant du parcours de soins, le principe d’une organisation territoriale et coconstruite facilite l’approche du patient. La prise en charge de celui-ci est globale, concertée et donc plus efficiente. La notion de parcours a, dans de tels dispositifs, tout son sens et prend appui sur le contrat local de santé qui détermine les besoins spécifiques du territoire.

C’est, par exemple, la présence d’un médecin spécialiste du diabète qui assure des permanences au sein d’un pôle santé et qui s’appuie le reste du temps sur les médecins et les infirmières travaillant sur le site.

C’est aussi l’appui d’un spécialiste par télémédecine pour un diagnostic plus avancé en chirurgie reconstructrice, qui s’appuie ensuite sur le travail d’un masseur-kinésithérapeute.

C’est encore la plus-value apportée par les contrats souples passés avec de jeunes médecins, sous le statut d’assistant libéral, qui leur permettent d’appréhender en douceur l’exercice libéral.

C’est enfin le cas des professionnels de la protection maternelle et infantile, sages-femmes et puéricultrices, qui viennent s’ajouter à l’effectif d’une maison pluridisciplinaire.

Tous ces exemples parmi d’autres mettent en exergue le décloisonnement nécessaire à cette nouvelle approche professionnelle.

Il convient également de faciliter l’exercice professionnel. À cet égard, la mise en place de maisons de santé ou de pôles de santé a permis aussi de réfléchir à l’accueil des patients et à leur suivi administratif. L’embauche de personnel dédié et mutualisé répond pleinement à cette question et décharge les médecins, notamment, de tout ce temps consacré aux charges administratives.

De plus, il a été mis en place en Mayenne, depuis 2006, un accueil coordonné pour l’inscription des médecins au tableau départemental, répondant ainsi à l’attente des praticiens et visant à simplifier réellement les démarches administratives.

En conclusion, et par expérience, je témoigne donc que les professions paramédicales ont un rôle essentiel dans la lutte contre les déserts médicaux. Mais il faut les associer pleinement à la réflexion pour trouver une réponse d’accès aux soins coconstruite sur les territoires. Néanmoins, pour lutter contre la désertification médicale, cela ne suffit pas, bien évidemment !

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