Pourquoi craindre cette souveraineté économique ? Vous me direz, monsieur le ministre, que c’est une autre conception de la liberté.
Ce qui nuit au potentiel de croissance de notre pays, c’est non pas l’insuffisance de fonds propres des PME, avec un taux de marge redressé à 31, 5 %, mais bien plutôt la persistance de l’existence d’une « armée industrielle de réserve » de plusieurs millions de travailleurs, tantôt privés d’emploi au fil d’ajustements conjoncturels des coûts de main-d’œuvre de plus en plus répétés, tantôt inscrits sur les listes de Pôle Emploi.
Nous laissons ainsi se perdre qualification, compétence et productivité, comme nous y laissons se perdre la formation initiale et parfois continue que ces travailleurs privés d’emploi durable ont pourtant acquise.
Réduire le contingent de cette humanité de réserve créerait des entreprises plus capables de répondre à une demande accrue, pour des productions répondant aux besoins de développement des êtres humains.
Plus d’emplois qualifiés et plus de valeur ajoutée, c’est enfin davantage de rentrées dans les caisses de l’État et de la sécurité sociale, sans qu’il soit besoin d’augmenter la pression fiscale sur chaque foyer.
Un impôt sur le revenu plus progressif, un allégement des taxes sur la consommation et une fiscalité locale socialement plus juste et économiquement plus efficace prendraient alors tout leur sens. Cela vaudrait mieux, en tout cas, que la suppression de la taxe d’habitation, qui mettrait les collectivités territoriales à la merci des financements de l’État.
Je voudrais à cet égard vous remercier, monsieur le ministre, de nous avoir donné, tout à l’heure, l’autorisation de nous réunir pour appréhender la question de l’endettement de nos collectivités…
Peut-être ai-je mal compris, mais il m’a semblé que vous endossiez, certes sans arrogance, le rôle du gendarme vis-à-vis des collectivités. Pardonnez-moi, mais celles-ci bénéficient du principe de libre administration : croyez que les maires et les présidents de conseils départementaux et régionaux, quelles que soient leurs opinions politiques, se préoccupent de l’endettement de leurs collectivités !