En quoi est-ce un problème que l’allongement global de la vie, au-delà des inégalités au demeurant insupportables que l’on peut encore observer au sein des générations pour ce qui est de l’espérance de vie en bonne santé, soit devenu une réalité ? C’est là la résultante du choix historique et novateur que la France a fait à la Libération en créant la sécurité sociale.
Mes chers collègues, le fait est – et c’est tant mieux ! – que le niveau de vie des retraités s’est amélioré depuis l’époque où devenir retraité était synonyme de devenir pauvre. Mais, le vrai problème, c’est bel et bien que des années de flexibilité et de précarité aient détérioré la situation des salariés aujourd’hui en activité.
En effet, on ne peut que s’insurger, pour ne pas dire autre chose, en découvrant, au détour des débats et, notamment, des discussions budgétaires, que la progression des salaires est aujourd’hui inférieure à celle des retraites dans bien des régions du pays.
J’ai d’ailleurs l’impression que certains s’en sont parfaitement rendu compte. Il faut sans doute voir là la base des choix opérés dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 : si l’on décide d’augmenter la CSG des retraités, au risque de mettre en question leur pouvoir d’achat, c’est bel et bien parce que le revenu des retraités présente une dynamique qui n’est pas celle des salaires.
Pourtant, la situation est loin d’être idéale : n’oublions pas que, depuis la réforme Balladur de 1993, les retraites sont indexées sur l’indice des prix à la consommation, et non plus sur l’évolution des rémunérations du secteur privé.
Ce constat étant fait, jetons un regard, en trente secondes, sur l’objectif national des dépenses d’assurance maladie, l’ONDAM.
Avec ce projet de loi de programmation, ce sont cinq ans de budget contraint que l’on annonce pour nos hôpitaux publics : cinq ans de disette, de surchauffe pour les agents hospitaliers, de temps perdu aux urgences pour les patients ; cinq ans de promotion de la médecine ambulatoire et de paris sur la qualité des soins de suite ; cinq ans d’autorisation de mise sur le marché de spécialités officinales sans service médical rendu ; cinq ans pendant lesquels on versera quelques larmes de crocodile sur les déserts médicaux qui s’étendent dans nos campagnes verdoyantes et vieillissantes comme dans nos banlieues vivantes, mais déshéritées.