Intervention de Philippe Vincent

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 6 décembre 2017 à 9h30
Projet de loi relatif à l'orientation et à la réussite des étudiants — Audition conjointe de Mm. Gilles Roussel président de la conférence des présidents d'université cpu et philippe vincent secrétaire général adjoint du syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale snpden

Philippe Vincent, secrétaire général adjoint du syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale (SNPDEN) :

Nous sommes inquiets du processus d'affectation « au fil de l'eau » dans Parcoursup, compte tenu des délais envisagés de réponse. Le risque existe que les bons élèves reçoivent plusieurs propositions et restent dans l'expectative le temps de faire leur choix, ce qui se répercuterait sur les établissements. Ce risque de mauvaise régulation pourrait créer plus de difficultés que le nouveau système n'en résoudrait. On a le sentiment que la procédure APB a été tuée pour des raisons politiques alors qu'elle ne fonctionnait pas si mal. Certes, 6 000 bacheliers n'ont pas pu être affectés cette année mais des centaines de milliers ont été correctement affectés. C'est l'alimentation d'APB qui posait problème mais pas le système en lui-même qui était maîtrisé par les différents opérateurs.

Concernant le second professeur principal, nous avons attendu trop longtemps les dispositions réglementaires d'application. Ce qui m'inquiète en tant que proviseur, c'est l'épuisement rapide du vivier : au mois de juin de chaque année, entre un quart et un tiers des enseignants répond favorablement à l'appel à candidatures mais il est difficile d'en trouver davantage.

Concernant le rôle du lycée dans l'orientation, on oublie trop ce qui a déjà été fait. Il y a déjà un quasi trop-plein d'informations adressées aux élèves de terminale dont la difficulté concerne plutôt le décryptage de ces informations. A ce stade de l'année, la plupart des élèves de terminale savent déjà souvent ce qu'ils veulent faire.

Les psychologues de l'éducation nationale (PsyEN) sont en nombre insuffisant. Néanmoins, ils sont largement mobilisés actuellement par les centres d'information et d'orientation (CIO) pour accompagner la réforme.

Concernant le rôle du conseil de classe, nous avons des réserves sur le degré de formalisation qui lui sera demandé car j'ai calculé qu'il aurait 4 200 avis à formuler chaque année dans mon lycée. Un travail préparatoire devra donc être mené par une équipe chargée de pré-instruire les avis avant le conseil de classe, celui-ci ne se prononçant que sur les cas problématiques. Les enseignants ne diront pas « non » mais conseilleront en fonction du parcours de l'élève et des prérequis pour inciter dans le choix. C'est d'ailleurs ce qui se fait déjà.

Concernant l'ONISEP, le problème tient d'abord à la mission de cet organisme qui est de diffuser un catalogue des formations existantes et rien de plus.

Par ailleurs l'articulation entre la mise en oeuvre des nouvelles dispositions et le calendrier de Parcoursup nous inquiète. Nous connaissions bien la procédure APB. Si l'ergonomie du nouveau système est similaire, nous pourrons transférer les informations relatives à nos formations et nos établissements sans problème. S'il faut refaire toute cette présentation dans le nouveau système d'ici le 15 janvier 2018, je ne garantis rien. Enfin je ne sais pas aujourd'hui quelles informations il me sera possible de transmettre aux parents d'élèves pour leur expliquer les principes de cette orientation, comme cela se fait normalement au mois de janvier. Je vais attendre une consolidation du dispositif avant de m'adresser à eux.

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