Intervention de Gilles Roussel

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 6 décembre 2017 à 9h30
Projet de loi relatif à l'orientation et à la réussite des étudiants — Audition conjointe de Mm. Gilles Roussel président de la conférence des présidents d'université cpu et philippe vincent secrétaire général adjoint du syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale snpden

Gilles Roussel, président de la Conférence des présidents d'université (CPU) :

Les difficultés rencontrées avec APB ne sont pas liées à l'outil lui-même mais à l'inadéquation du nombre de places disponibles dans les universités au regard des demandes. Il est arrivé à d'autres outils informatiques de connaître des « accidents industriels » ; ce n'est nullement le cas de la plateforme APB.

Le classement des voeux induit par l'outil pouvait conduire les lycéens à ériger des stratégies complexes pour leurs choix d'orientation. Avec la réforme, qui supprime l'ordonnancement des voeux en amont, les jeunes seront invités à réfléchir plus finement à leur choix d'avenir dans le supérieur.

Par ailleurs, alors qu'avec APB il était impossible de comprendre pour quelle raison tel lycéen était refusé dans une formation alors que son camarade, de niveau égal, était accepté, la nouvelle plateforme permettra d'expliquer la décision d'orientation au regard des prérequis de l'élève, de sa domiciliation, etc.

Pour ces différentes raisons, la réforme proposée me semble aller dans le bon sens même s'il conviendra d'être vigilant sur la question des délais de réponse.

La mise en place des dispositifs d'accompagnement pour les élèves acceptés sous condition dans une formation sera lancée dès la rentrée 2018 mais ne sera pleinement effective qu'après quelques années ; en effet, les établissements ont besoin de savoir si le nouveau système va modifier ou non le niveau et les parcours des étudiants accueillis, afin de pouvoir adapter les outils de mise à niveau aux besoins.

Je suis pour ma part très favorable à un renforcement du lien entre l'université et l'enseignement secondaire au travers d'outils comme les avis donnés par le conseil de classe de terminale sur les choix d'orientation des élèves. Cette mesure, qui peut sembler difficile à mettre en place par les lycées, me semble tout à fait intéressante.

En ce qui concerne les directeurs d'études, je ne crois pas nécessaire de leur attribuer un statut ni de confier cette fonction à des personnels spécifiques. Il me semble logique qu'ils soient recrutés parmi les enseignants du supérieur, qui pourront ainsi se réapproprier les questions d'orientation.

La réforme qui nous est proposée n'empêche nullement l'université d'accueillir tous les étudiants. Elle propose en revanche un accompagnement adapté à ceux qui en ont le plus besoin.

J'ai néanmoins quelques regrets, notamment le fait que le baccalauréat n'ait pas été mieux pris en compte dans les prérequis demandés aux élèves. À cet égard, je suis favorable à l'extension du dispositif « meilleurs bacheliers » à l'ensemble des filières, y compris non sélectives, de l'enseignement supérieur. Imaginez que certaines mentions très bien sont aujourd'hui refusées en STAPS !

S'agissant de l'ONISEP, l'établissement a fait des efforts.

Les universités ne se désintéressent pas des débouchés professionnels des formations qu'elles proposent. Dans les universités, 91 % des diplômés de master s'insèrent sur le marché du travail. La filière STAPS connaît un franc succès sur le marché du travail : ses diplômés ne sont pas cantonnés au métier de professeur d'éducation physique et sportive, ils se retrouvent désormais dans le monde du management du sport, de la kinésithérapie, etc.

Enfin, je partage vos préoccupations s'agissant du développement de bilans de compétences payants proposés à des lycéens ou des préparations privées à l'entrée en PACES (première année commune aux études de santé) que nous avions évoquées lors d'une précédente audition : le service public devrait pouvoir accompagner tous les jeunes en matière d'orientation.

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