Madame la garde des sceaux, en février dernier, un rapport sénatorial soulignait l’inefficacité des politiques de déradicalisation.
Ainsi, de nombreuses interrogations pèsent sur l’efficacité et la fiabilité des résultats de certaines institutions, comme l’ont montré les polémiques de cet été sur le Centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam de Mme Dounia Bouzar.
Ces échecs tiennent à la logique même qui sous-tend nos politiques publiques de déradicalisation : la radicalisation est non pas une maladie qu’il s’agirait de traiter, mais bien un fait social qu’il faut combattre comme tel. Or, pour paraphraser Bourdieu, on ne traite le social que par le social.
D’autres pays l’ont bien compris : des expériences réussies en Norvège, aux Pays-Bas ou en Allemagne pourraient nous inspirer. Ces pays fondent leur action sur la volonté politique d’intégrer les communautés musulmanes locales et des acteurs sociaux variés, sans stigmatisation ni mise au ban de la société. Leur approche est englobante ; elle prend en compte l’environnement familial, social, scolaire, culturel et géographique, pour se rapprocher d’un traitement au cas par cas.
Ce type d’approche devrait faire l’objet d’une harmonisation à l’échelle européenne, sur la base d’un partage des meilleures pratiques. Les résultats du réseau européen de sensibilisation à la radicalisation, le RAN, sont insuffisants, tout comme les moyens alloués à cette politique dans le cadre du Fonds pour la sécurité intérieure. Or, face à la menace transnationale que constituent le retour des djihadistes européens et les phénomènes de radicalisation, l’Union européenne doit jouer collectif et être en première ligne.
Ma question, madame la garde des sceaux, est la suivante : comment comptez-vous défendre l’idée d’une approche commune et partagée de la déradicalisation au niveau européen, dotée de moyens à la hauteur de cet enjeu sécuritaire et existentiel pour notre continent ?