Intervention de Nicolas Dufourcq

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 31 janvier 2018 à 9h05
Article 13 de la constitution — Audition de M. Nicolas duFourcq candidat proposé par le président de la république aux fonctions de directeur général de la société anonyme bpifrance

Nicolas Dufourcq, candidat aux fonctions de directeur général de la société anonyme Bpifrance :

À l'automne 2012, il était question de couper Bpifrance en 22 pôles régionaux. C'est de l'histoire ancienne. Nous avons aujourd'hui d'excellentes relations avec les conseils régionaux. Leurs directions des services économiques financent nos fonds de garantie, nos fonds d'innovation, nos accélérateurs, etc. Avec la territorialisation du PIA, la collaboration est optimale.

Le conseil d'administration de Bpifrance compte deux présidents de régions, mais les débats sont extrêmement techniques. Le conseil national d'orientation auquel deux sénateurs participent est utile et il permet de parler du plan stratégique.

Il est nécessaire que Bpifrance soit une filiale à 50 % de l'État et à 50 % de la Caisse des dépôts et consignations. Un actionnaire dominant pourrait avoir tendance à abuser de sa puissance. La situation actuelle est satisfaisante : je n'ai jamais eu à gérer de situation de blocage entre la Caisse et l'État. Dans les filiales bancaires, Bpifrance compte d'autres actionnaires à hauteur de 10 % que sont la BNP, la Société générale et Axa. Ces banques ont participé à l'augmentation de capital en 2013 et sont présentes dans tous nos comités, notamment le comité d'investissement - qui est le plus important, et est présidé par Frédéric Saint-Geours, président du conseil de surveillance de la SNCF. Cette présence est bienvenue car elle nous met à l'abri de l'influence des grands actionnaires, qui pourraient avoir des agendas un peu contradictoires avec les nôtres.

Les cessions d'actifs font partie de notre modèle opérationnel : nous faisons tourner notre portefeuille. En 2017, nous avons investi dans 100 PME et nous avons vendu dans 80 PME. C'est grâce à cette agilité que nous pourrons annoncer demain un résultat net de plus d'un milliard d'euros en 2017. Nous avons vendu notre participation dans Schneider, Valeo et Eiffage, et nous avons aussi procédé à des cessions en capital-risque dans des PME, ce qui permet de présenter un beau résultat.

Notre réseau compte environ 1 000 personnes, à comparer aux 40 000 salariés de chaque grande banque française. Mais nous ne faisons qu'un seul métier et nous ne gérons pas de comptes. Nous ne faisons que du financement d'investissement. Nous recrutons entre 15 et 50 personnes par an. Nous couvrons de façon correcte notre clientèle de PME et d'ETI. Pour les TPE, c'est beaucoup plus difficile car il en existe 1,5 million. Nous ne pouvons donc être physiquement auprès d'eux mais nous nous considérons néanmoins comme une banque des TPE puisque nous préfinançons le CICE - qui bénéficie aux TPE à 80 %, pour un montant de 4,5 milliards d'euros. Nous garantissons également 8 milliards d'euros de crédits des banques françaises par an : or, il s'agit à 80 % de crédits aux TPE. Nous avons lancé avec les conseils régionaux des prêts TPE de 10 000 à 50 000 euros sans garantie, ce qui leur permet de financer l'immatériel, le fond de roulement et le développement. Ces prêts sont en plein essor et nous allons renforcer notre présence au travers de cette gamme de produits dans les années à venir.

Pour ce qui est de la création d'entreprises, nous poursuivons le dialogue avec la Caisse des dépôts et consignations. Nous ne savons pas encore quel rôle nous pourrions jouer dans l'accompagnement des primo-entrepreneurs.

Privatiser Bpifrance ? Cela changerait radicalement nos priorités. La Grande-Bretagne avait une sorte de Bpi qui s'appelait « 3I » : privatisée, elle devenue immédiatement un banque privée classique. Les salariés de Bpifrance se lèvent le matin pour rendre service.

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