Le Gouvernement a motivé sa volonté de réformer l’enseignement supérieur, pour de nombreuses raisons dont les principales pourraient se résumer ainsi : dysfonctionnements d’APB et aléas du tirage au sort ayant concerné, en 2017, quelque 169 des 12 000 licences existantes, taux d’échec estimé entre 60 % et 70 % en licence et coût de cet échec pour les finances publiques, hausse de la démographie étudiante de 40 000 jeunes par an, souhait de reconnaitre le mérite et volonté de ne pas envoyer des bacheliers dans des filières « inadaptées et sans débouchés ».
À l’occasion de l’examen de ce texte a ainsi été mise en exergue la volonté de peaufiner l’orientation, afin que les jeunes intègrent des filières adaptées à leur profil et réussissent davantage dans l’enseignement supérieur. Nous souhaitons également de tout cœur que ces objectifs soient atteints.
Néanmoins, nous craignons fort que certaines dispositions du texte produisent l’effet contraire. Le débat sur les amendements que nous avons déposés a montré quelles étaient nos craintes : sélection renforcée, notamment au détriment des étudiants issus de milieux défavorisés, création d’un enseignement supérieur à deux vitesses dans lequel les mandarins imposeront leurs choix de contenus comme d’étudiants, nombreux jeunes demeurant sans affectation…
Par ailleurs, les moyens ne sont pas au rendez-vous. Les universités ne savent pas comment elles feront face aux nouvelles missions introduites par ce projet de loi : point de personnel et point de formation pour assurer la procédure d’information, d’orientation et d’affectation.
Les moyens financiers accompagnant la réforme sont maigres. Les 500 millions d’euros prévus sur le quinquennat sont nettement insuffisants. La somme de 100 millions d’euros par an équivaut à la création de 8 562 places seulement dans le supérieur, qu’il faut mettre en parallèle avec les 40 000 étudiants supplémentaires en 2017. Quant aux 450 millions d’euros du grand plan d’investissement, ils seront attribués sur projets et non à ceux qui en ont le plus besoin.
Toutes ces raisons nous amènent à demander le dépôt, au Parlement, d’un rapport gouvernemental quinquennal, accompagné d’une programmation sur les moyens mis en œuvre pour l’accueil, l’orientation et la réussite des étudiants dans l’enseignement supérieur.