Intervention de Cyril Pellevat

Réunion du 21 février 2018 à 21h30
Libre-échange entre l'union européenne l'australie et la nouvelle-zélande — Adoption d'une proposition de résolution européenne dans le texte de la commission modifié

Photo de Cyril PellevatCyril Pellevat :

N’oublions pas que certaines de nos filières seront clairement à l’offensive dans ces négociations et qu’elles bénéficieront grandement de la levée des diverses barrières tarifaires et non tarifaires de nos partenaires, pourvu, bien sûr, que nos différentes normes ne soient pas battues en brèche.

Pour les secteurs qui seront structurellement plus vulnérables à la libéralisation des échanges, des mesures d’encadrement et d’accompagnement seront bien entendu nécessaires. Au-delà d’un soutien financier adapté et d’un classement en tant que produits sensibles, qui doivent notamment permettre l’offre de contingents tarifaires aussi limités que possible, je souhaiterais insister sur la question des clauses de sauvegarde. Là où les États-Unis n’hésitent généralement pas à agir en quelques jours avec des mesures massives, la mobilisation de telles clauses en Europe souffre généralement du syndrome du « trop peu, trop tard ».

Cela n’exonère évidemment pas les filières concernées d’une nécessaire réflexion sur leur organisation, leur position sur les marchés et la mise en place de stratégies plus offensives à l’export.

Cependant, si l’Union européenne veut éviter les procès en naïveté commerciale qui lui sont régulièrement intentés, il est indispensable que la Commission évolue dans ses pratiques. Elle a, certes, commencé à le faire dans d’autres domaines avec la modernisation bienvenue de nos outils de défense commerciale, mais il faut désormais que nous soyons extrêmement attentifs à ce qu’elle agisse plus vite et de manière appropriée face aux perturbations de marché qui pourraient résulter de l’application de ce futur accord, comme d’ailleurs de ceux qui ont été conclus par le passé.

Si nous devons, à l’évidence, nous montrer moins frileux à l’égard de la mondialisation, nous ne pouvons pas non plus rester passifs face aux dégâts qu’elle peut provoquer, alors même que des outils de protection sont à notre disposition. Le refus de la protection légitime mènerait alors inévitablement au protectionnisme, qui ne ferait qu’affaiblir l’Europe.

Or, dans un contexte international marqué par le recul du multilatéralisme, par l’effacement relatif des États-Unis et par la montée en puissance de la Chine, l’Europe ne peut rester en retrait et doit se montrer conquérante et offensive pour s’affirmer comme la grande puissance commerciale qu’elle est.

C’est d’autant plus vrai qu’il s’agit de conclure des accords, donc de renforcer nos relations avec des pays qui partagent nos valeurs et nos modes de vie. À ce titre, ils ont vocation à compter parmi nos plus proches alliés dans un monde chaque jour un peu plus incertain.

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