Intervention de Esther Benbassa

Réunion du 22 juin 2018 à 14h45
Immigration droit d'asile et intégration — Article 19 ter

Photo de Esther BenbassaEsther Benbassa :

Permettez-moi de reprendre la parole quelques minutes sur ce sujet éminemment important.

L’état des forces en présence est clair : la gauche souhaite une réelle abrogation du délit de solidarité ; la droite opte pour le maintien du droit existant, et l’exécutif, soutenu par la majorité présidentielle et le RDSE, nous propose une révision en trompe-l’œil du délit de solidarité.

Avant que, toutes et tous, nous nous prononcions en votant sur les différents amendements qui nous sont soumis, il me semble important de vous rappeler, mes chers collègues, qu’il ne s’agit pas ici de polémiquer sur les orientations de la politique migratoire. Il s’agit de montrer le véritable harcèlement dont sont victimes des femmes et des hommes qui font preuve d’humanité envers leurs semblables et d’y mettre un terme.

Ce n’est pas la première fois que, devant l’émotion provoquée par les vagues de poursuites et de condamnations de personnes solidaires, le ministre de l’intérieur en poste prétende abroger cette incrimination indigne. Chevènement, Sarkozy, Besson et Valls, tous ont annoncé, depuis vingt ans, la fin du délit de solidarité. Il n’en a rien été, et nombreux sont ceux qui pourraient en témoigner aujourd’hui.

Ces solidaires, ces aidants, je les ai rencontrés partout en France, et ils sont loin de la caricature que certains veulent bien en faire. Ils sont retraités, infirmières, professeurs ou agriculteurs ; ils ont des valeurs humanistes avant tout, qu’ils soient de gauche ou de droite, et considèrent qu’un migrant est avant tout un être humain.

Vous ne ferez pas exception, monsieur le ministre d’État, le dispositif que vous nous proposez est voué à produire les mêmes effets que les précédents prétendus assouplissements. Aussi, je vous demande, mes chers collègues, quelles que soient vos convictions en matière d’accueil des exilés, d’envoyer un message fort à nos concitoyens, un message de solidarité et de fraternité en adoptant l’amendement que je propose avec mon groupe.

Pour finir, je tiens à vous dire, monsieur le rapporteur, que vous avez de nouveau fait, probablement exprès, la confusion entre passeurs et solidaires.

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