Je parlerai non de droit, mais de sociologie.
Un sociologue allemand, Norbert Elias, a écrit un très beau livre sur le processus de civilisation, La Civilisation des mœurs. Il y explique ce phénomène tout simple : nous sommes pris dans un processus sous l’effet duquel, avec le temps, des choses permises par le passé ne le sont plus, parce qu’un processus collectif de domestication porte la société vers un adoucissement.
C’est exactement de cela que nous parlons : un moment arrive où des choses que l’on avait pu considérer comme normales ne le sont plus ou on ne peut plus considérer qu’elles le seraient. En l’espèce, il ne s’agit pas seulement d’un changement de degré, mais un peu de nature. D’où notre proposition : il s’agit de faire en sorte que des choses qu’on pouvait se représenter par le passé ne soient plus acceptables pour le futur.
En ce sens, cette forme de sacralisation que nous proposons par le passage au crime pour les moins de treize ans va dans le sens de l’histoire, qui fait que, de plus en plus, nos enfants nous sont sacrés. Tel est le pas que nous vous demandons de franchir ce soir, ni plus, ni moins : aller vers autre chose, d’une autre façon, pour reconnaître le pas que nous avons franchi en matière de civilisation dans la défense de nos enfants. Ce soir, c’est notre responsabilité collective !