Je voudrais exprimer mon étonnement, mon agacement et mon incompréhension devant la suppression du dispositif TO-DE prévue par l’article 8.
Comment peut-on, sans donner soi-même l’exemple, vouloir supprimer des allégements de charges ? Pas plus tard que la semaine dernière, le ministre des finances s’est présenté devant la commission des affaires sociales du Sénat accompagné d’une vingtaine de collaborateurs… La moindre des choses, quand on prétend engager une nouvelle politique, c’est de donner l’exemple !
Par ailleurs, comme on l’a encore vu lors de l’élaboration de la loi ÉGALIM, on se livre à un travail de sape incessant du métier d’agriculteur et de l’agriculture d’aujourd’hui, en affirmant qu’il faut changer de modèle, être plus vertueux, développer l’agriculture biologique. Prenons l’exemple d’un verger : cesser de recourir au glyphosate implique d’embaucher davantage de main-d’œuvre pour faire le travail à la main. Le coût du kilo de pommes s’en trouvera renchéri de 10 à 15 centimes d’euro. Les agriculteurs français sont peut-être prêts à s’engager dans cette démarche, mais ils sont en concurrence avec les producteurs de pommes de Pologne, où les charges sociales seront 75 % moins élevées qu’en France si l’on supprime le dispositif TO-DE, qui concerne particulièrement les travailleurs saisonniers ! Aujourd’hui, le kilo de pommes polonaises coûte déjà 99 centimes d’euro à l’étalage en France, contre 2, 5 euros pour le kilo de pommes françaises.
Monsieur le ministre, cherchez l’erreur, trouvez les solutions, et ne croyez pas que la dégressivité fera passer la pilule aux agriculteurs. En effet, elle revient tout simplement à les étrangler progressivement, en leur expliquant qu’ils ont deux ans pour s’habituer à l’idée de mourir… En 2020, quand ils mourront effectivement, ils sauront pourquoi !