… bref quelqu’un de sérieux, soit l’incarnation de l’origine étymologique du mot senex.
Cet imaginaire populaire ne repose pas seulement sur la représentation des dessinateurs de presse ; il s’appuie sur l’histoire de la Haute Assemblée, dont l’ancêtre, sous le Directoire, se nommait le Conseil des Anciens et avait vocation, de par sa composition d’une élite âgée – l’âge minimum étant alors de quarante ans –, à contrebalancer les ardeurs des députés, plus jeunes, plus fougueux et plus progressistes. N’est-ce pas encore le cas aujourd’hui ?
Pour avoir échangé avec Pierre Cazeneuve, cofondateur du parti politique Allons Enfants et élu municipal de la commune de Saint-Cloud, qui a su convaincre notre collègue André Gattolin de déposer cette proposition de loi, j’entends les arguments qui sous-tendent cette démarche.
Le Sénat reste désormais la seule institution à fixer un seuil d’âge minimum au-delà de la majorité. Ainsi, à dix-huit ans, comme cela a été rappelé, on peut être candidat à la présidence de la République, mais pas sénateur. Ainsi les jeunes élus dans nos instances municipales, départementales ou régionales sont forcés, sous peine d’amende, de prendre part à une élection à laquelle ils ne peuvent se présenter.
Cette relative absurdité nous permet de prendre conscience que l’implication dans la vie de la cité – la polis –, tout comme la valeur, n’attend point le nombre des années. Ainsi, dans les Hauts-de-Seine, près de quarante grands électeurs avaient moins de vingt-quatre ans en septembre 2017.
L’objectif recherché – rapprocher les jeunes de la politique et les intéresser au débat public – est louable. Combien serons-nous à déplorer leur faible participation lors des prochaines élections européennes ? Seuls 29 % des dix-huit à vingt-cinq ans s’étaient déplacés en 2009 et 27 % en 2014.