Intervention de Jean-Raymond Hugonet

Réunion du 21 novembre 2018 à 14h30
Élection des sénateurs — Rejet d'une proposition de loi organique

Photo de Jean-Raymond HugonetJean-Raymond Hugonet :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, aux termes de l’article 24 de notre Constitution, la Haute Assemblée, au sein de laquelle nous siégeons, représente les collectivités territoriales de la République. L’âge de vingt-quatre ans requis pour devenir sénateur correspond à l’âge minimum auquel un citoyen peut avoir accompli un mandat local, soit dix-huit ans, plus six ans.

C’est donc une expérience minimum requise dont le caractère paraît évident, et je ne vois rien ici qui ressemble, de près ou de loin, à une « justification assez floue », comme l’avancent imprudemment nos collègues Marcheurs. C’est même, bien au contraire, pleinement cohérent avec la mission de représentation des collectivités territoriales confiée au Sénat, depuis soixante ans, par la Constitution.

Fondamentalement, les deux assemblées françaises ne sont pas identiques, mais elles se complètent parfaitement. Notre mode de fonctionnement assure même la continuité de l’État, et ce n’est pas là un détail.

Si nos institutions donnent clairement la primeur dans les décisions finales à l’Assemblée nationale et à nos collègues députés qui y siègent, le Sénat jouit, lui, d’une spécificité incontournable et révélatrice de sa sagesse légendaire. En effet, le Sénat, à la différence de l’Assemblée nationale, est une assemblée permanente. Le chef de l’État ne peut donc pas la dissoudre. C’est précisément pour ces raisons, notamment, que la réforme constitutionnelle ourdie par le Président de la République est dangereuse, puisqu’elle conduit, ni plus ni moins, à une dissolution déguisée du Sénat.

Vouloir aligner la limite d’âge requis pour devenir sénateur sur celle exigée pour devenir député, c’est ignorer totalement l’essence même du bicamérisme.

Oui, la jeunesse incarne l’avenir ! Mais est-ce à dire que les aînés ne doivent pas être écoutés ? Est-ce à dire que la fougue de la jeunesse doit être élevée au rang d’alpha et d’oméga démocratique ? Je n’en crois rien ! Je suis convaincu, bien au contraire, que l’expérience est un trésor dont nul ne peut se passer. Il n’est qu’à parcourir le Palais du Luxembourg et son histoire pour s’en persuader.

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