Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, quel bonheur pour le vieux professeur d’histoire que je demeure d’aborder un sujet aussi riche que celui du bicamérisme différencié, et, bien évidemment de le défendre. En effet, au-delà de l’âge d’éligibilité, c’est bien de cela qu’il s’agit.
Faisons donc un peu d’histoire.
Il n’aura pas fallu deux ans, sous la Révolution, pour que notre pays goûte funestement au péril du monocamérisme et, lorsque le bicamérisme s’imposa, la question de la composition différenciée de la chambre haute se posa. Tantôt chambre honorifique pour une noblesse déchue de ses privilèges sous la Restauration, tantôt haut lieu des soutiens issus de tous horizons du régime bonapartiste, l’enjeu fut toujours de savoir comment choisir cette seconde chambre et quelle légitimité lui donner.
Mode d’élection, âge et conditions d’éligibilité, notre pays a donc cherché dès les origines du système parlementaire puis de la République parlementaire à différencier les deux chambres. C’est bien cette différenciation qui est la raison d’être du Sénat.
Tout d’abord, dans un pays fortement centralisé, le Sénat républicain s’est imposé, par son mode d’élection, comme la chambre des territoires, et il a toujours contrebalancé la vieille passion française pour le jacobinisme.