Intervention de Claude Raynal

Réunion du 9 avril 2019 à 9h30
Questions orales — Conséquences des manifestations pour les commerçants

Photo de Claude RaynalClaude Raynal :

Monsieur le secrétaire d’État, cela fait vingt et une semaines, soit bientôt six mois, que les « gilets jaunes » contestent, dans nos centres-villes, l’action du Gouvernement ! Le plus long mouvement social de ces quarante dernières années ne suscite toujours pas, à ce jour, de réponse politique, seule à même d’y mettre un terme. En effet, si l’ordre public doit être la règle, la réponse ne saurait être uniquement répressive, d’autant que cette approche a eu des conséquences dramatiques pour nombre de manifestants parfaitement pacifiques.

Bientôt six mois que, chaque samedi, les centres-villes sont désertés ! Au-delà des destructions opérées par des groupuscules de casseurs, ceux des commerçants qui choisissent d’ouvrir leurs boutiques doivent subir des journées « ville morte », quand d’autres, par peur des pillages, gardent leurs rideaux baissés.

Nous le savons bien, le chiffre d’affaires perdu lors de ces journées, qui devraient être les meilleures du point de vue commercial, ne se rattrape jamais. Au fil du temps, le comportement des consommateurs évolue : ils choisissent d’aller dans les centres commerciaux de périphérie, ou de commander par internet, pour ne pas se trouver en ville au moment des manifestations.

Dès lors, l’attractivité future de nos centres-villes est gravement menacée et doit faire l’objet de toute l’attention de l’État comme des collectivités. Quant au fonds de 3 millions d’euros envisagé par le Premier ministre pour des opérations de promotion commerciale, il n’est pas à l’échelle de la problématique.

Concernant le soutien aux commerçants indépendants eux-mêmes, la réponse du Gouvernement est là aussi trop limitée, dans le temps comme dans ses effets, car l’étalement de la dette, qu’elle soit fiscale ou sociale, n’apporte aux entreprises qu’une solution de court terme.

Mme la secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie et des finances avait, en son temps, ouvert la voie à une possibilité d’exonérations de taxes et cotisations sociales. Pouvez-vous nous dire, monsieur le secrétaire d’État, le nombre d’exonérations accordées à ce jour et leur montant total ?

La grande absente des mesures annoncées par le Gouvernement reste la question de la dégradation de la trésorerie de ces sociétés ; on sait qu’elle préfigure souvent des redressements ou des liquidations. En la matière, vos appels incantatoires à la plus haute bienveillance des banques risquent d’être insuffisants.

Sur un autre plan, on entend que les compagnies d’assurance réfléchiraient à demander, à l’avenir, une surprime aux établissements commerciaux de centres-villes, ce qui reviendrait pour ceux-ci à subir une triple peine : réparations, perte de chiffre d’affaires, augmentation des primes d’assurance.

Alors, même si ce gouvernement, depuis vingt et une semaines, ne parvient pas à trouver de sortie à la crise politique, peut-être peut-il répondre aux attentes de nos concitoyens artisans et commerçants indépendants, qui, au fond, en paieront très largement la note !

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