Intervention de René Danesi

Réunion du 30 avril 2019 à 14h30
Zone euro — Débat interactif

Photo de René DanesiRené Danesi :

Le dollar est la monnaie la plus utilisée pour les échanges internationaux de biens et de services, mais aussi pour les réserves de change dans le monde. Cette supériorité du dollar permet aux États-Unis de pratiquer une politique extérieure agressive, au point de faire condamner à de lourdes amendes les entreprises non américaines qui ont utilisé le dollar pour des transactions avec des pays que les États-Unis boycottent.

Avec son internationalisation, le yuan chinois est intégré aux réserves de change de plusieurs États, dont la Russie. Certes, le FMI estime à moins de 2 % la part du yuan dans le total des réserves de change des 149 pays suivis par cet organisme, mais la part de cette devise a quasiment doublé dans ces pays entre 2017 et 2018. La valeur du yuan et la volonté de la Chine d’en faire progressivement une monnaie concurrente du dollar deviennent le sujet central dans les vifs débats entre la Chine et les États-Unis.

Il n’en est pas de même pour l’euro, dont la position, pourtant bien plus forte, n’inquiète guère les États-Unis, et pour cause ! En effet, l’euro remplit gentiment un rôle d’intermédiaire des échanges internationaux, à hauteur de 36 %, contre 40 % pour le dollar. D’une part, plus de 80 % des importations d’hydrocarbures des pays de l’Union européenne sont payées en dollars ; d’autre part, seulement 22 % des réserves mondiales de change sont détenues en euros, contre 60 % en dollars.

Dans son rapport annuel de 2018, la Banque centrale européenne juge que la place de l’euro dans le monde n’a jamais été aussi réduite. Selon la BCE, l’euro a perdu 3 points dans les réserves mondiales de change entre 2008 et 2017. Certes, la fiabilité économique de l’euro est rassurante, mais sa crédibilité géopolitique n’est pas à la hauteur de la puissance économique que l’Union européenne pourrait être, si elle en avait la volonté politique.

L’alignement des principaux pays de l’Union européenne sur la politique étrangère agressive des États-Unis, comme c’est le cas vis-à-vis de la Russie, ou leur incapacité à s’y soustraire efficacement, comme c’est le cas vis-à-vis de l’Iran, ne permettra pas à l’euro de trouver cette crédibilité géopolitique qui lui manque.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion