Intervention de François Bonhomme

Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale — Réunion du 22 mai 2019 à 9h35
Audition de Mm. Michel Badré et dominique gillier membres du conseil économique social et environnemental auteurs du rapport « fractures et transitions : réconcilier la france »

Photo de François BonhommeFrançois Bonhomme :

Dans la même lignée que mon collègue Mathieu Darnaud, je ne connais personne qui ne partagerait pas le diagnostic que vous posez sur la nécessité de réduire la fracture et réconcilier la France. Je souscris évidemment à vos propos introductifs sur l'éducation, la nécessité d'un meilleur partage de la richesse ou sur la prise en compte du développement durable. Ce sont d'ailleurs des positionnements qui sont très largement partagés, et depuis longtemps, dans les assemblées. Je m'interroge en revanche, comme le président de notre commission des lois, sur l'efficience d'un mécanisme de tirage au sort. Le CESE se grandirait à ne pas forcément choisir la facilité en relayant simplement l'air du temps, et au contraire à prendre quelques risques en ayant une fonction pédagogique qui peut impliquer d'aller à l'encontre d'idées reçues. Le tirage au sort ne confère que la légitimité du hasard. Je préfère un système de décisions qui soit fondé sur la légitimité de l'élection, c'est le fondement même de notre démocratie ; a contrario, une légitimité qui ne traduit pas une forme de représentativité serait un facteur de fragilité. Je m'interroge aussi sur la multiplication de ce genre de rapports. On n'a pas attendu les manifestations des gilets jaunes pour s'interroger sur le devenir de la société, ne serait-ce qu'en tenant compte de l'analyse de certains intellectuels ou scientifiques qui formulent, plus qu'on ne le pense, des propositions concrètes qui aliment utilement le débat. Les travaux de Christophe Guilluy ou Jérôme Fourquet me viennent par exemple à l'esprit.

Je pense donc qu'il serait opportun de sortir de votre zone de confort. Je préfère le risque de l'excès, qui certes peut conduire à commettre des erreurs, à ces généralités qui, d'une certaine manière, conduisent à de la platitude et au statut quo.

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