Je souscris évidemment à ce que dit notre rapporteur, tout comme, je pense, l’immense majorité de nos collègues. Dieu merci, ou plutôt Marianne merci, la parole présidentielle ne fait pas loi. Ce n’est qu’une parole, et les lois d’exception dans notre histoire n’ont malheureusement jamais de bons relents.
C’est vrai que Notre-Dame, c’est un peu notre âme. L’incendie a effectivement suscité une vague d’émotion très forte, mais l’émotion ne doit pas l’emporter sur la raison. Or c’est ce qui se passe avec ce texte.
L’article 9, comme pratiquement tout le texte, est une négation du rôle du Parlement. D’une certaine façon, il nie également que d’innombrables autres chantiers patrimoniaux, un peu partout en France, sont eux aussi urgents. Mais ce qui est le plus gênant, dans toute cette affaire, c’est la mise en scène présidentielle de la reconstruction de Notre-Dame.
Une reconstruction ne peut pas être une course de vitesse. Le texte prévoit qu’elle sera réalisée dans « les meilleurs délais », et non, heureusement, « en cinq ans », comme s’il fallait aller le plus vite possible. Jérôme Bascher a parlé de l’incendie du château de Lunéville. Alors qu’il a eu lieu en 2003, la reconstruction ne devrait être achevée que dans quelques années. De même, il aura fallu dix ans pour reconstruire le Parlement de Bretagne.
Fixer des dates butoirs, des deadlines, est un non-sens architectural, un non-sens patrimonial. Je vous le dis tel que je le pense : la culture, ce n’est pas le productivisme ou le stakhanovisme. Sincèrement, je trouve profondément baroque, triste que ce soit vous, monsieur le ministre de la culture, qui portiez ce texte.