Je voudrais rappeler – sans doute ma voix sera-t-elle dissonante par rapport à toutes celles que nous venons d’entendre – que l’activité libérale perd du terrain.
En 2010, quelque 60 % des médecins choisissaient cette forme d’activité ; aujourd’hui, ce taux n’est plus que de 56 %. Je veux aussi citer de nouveau des chiffres que j’ai donnés hier, parce qu’il me semble tout à fait important de les avoir en tête : ils traduisent le peu d’appétence des médecins, aujourd’hui, pour le choix de la spécialité médecine générale. En 2010, les médecins généralistes étaient au nombre de 94 000 ; aujourd’hui, ils ne sont plus que 87 000.
Il s’agit de gérer cette pénurie. D’un point de vue mathématique, la solution ne viendra pas forcément des amendements qui sont proposés : leurs dispositions ne me paraissent pas fournir la solution.
Des départements comme l’Aveyron ont montré l’exemple – l’un de nos collègues l’a rappelé cet après-midi. Depuis déjà quelques années, un projet d’attractivité du territoire y a été mis en œuvre à destination des professionnels de santé. Aujourd’hui, les médecins qui s’y installent sont aussi nombreux que ceux qui partent. C’est exceptionnel ! D’autres départements, aujourd’hui, emboîtent le pas de l’Aveyron ; d’autres territoires plus petits, à l’échelon des communautés de communes, font de même.
Autrement dit, la solution ne vient pas forcément de mesures de régulation et de coercition : ce n’est pas ainsi que vous répondrez au problème du maire qui perd son médecin.
Vous savez très bien que l’on ne peut pas, aujourd’hui, remplacer un médecin par un médecin. Les jeunes professionnels veulent s’installer avec d’autres collègues, médecins ou exerçant d’autres métiers médicaux. Vous ne répondrez pas au problème en appliquant une logique du « un pour un ».
Le défi est plutôt de préparer les territoires, en réfléchissant notamment à la mise en œuvre de contrats locaux de santé. Je puis vous citer des territoires qui en sont déjà à leur troisième contrat local de santé ; ils ont pu ainsi créer une véritable dynamique et intéresser de nouveaux professionnels de santé.
La quasi-totalité de mes collègues du groupe Union Centriste votera ces amendements ; nous serons quelques-uns, néanmoins, à nous abstenir.