Intervention de Olivier Paccaud

Réunion du 16 juillet 2019 à 9h30
Questions orales — Droits à la retraite des enseignants

Photo de Olivier PaccaudOlivier Paccaud :

Monsieur le secrétaire d’État, la loi est votée, vérifiée dans sa conformité, promulguée, mais parfois, et même trop souvent, non appliquée.

Pourtant, nous connaissons tous l’adage : « Nul n’est censé ignorer la loi. » L’exécutif ne doit pas non plus y déroger, non plus qu’il ne peut échapper à ses devoirs, qui sont, entre autres, d’exécuter la volonté du législateur, c’est-à-dire du peuple.

Le cas d’espèce qui me conduit à vous interpeller aujourd’hui concerne l’article 14 de la loi du 26 juillet 1991 portant diverses dispositions relatives à la fonction publique, plus précisément la prise en compte des années de formation des élèves enseignants des instituts universitaires de formation des maîtres, les IUFM, dans le calcul de leurs droits à la retraite.

Il y a quelques semaines, l’académie d’Amiens a confirmé à un enseignant souhaitant légitimement en bénéficier qu’il ne pouvait prétendre à cette disposition, faute d’entrée en vigueur du décret. L’académie conclut que « les périodes d’allocataires de première année d’IUFM ne sont ni validables ni valables pour la retraite ».

Je tiens à votre disposition le courrier adressé à l’enseignant en question par le secrétaire général de l’académie, courrier dont je me permets de lire un court extrait : « Les périodes pendant lesquelles ont été perçues des allocations d’enseignement ainsi que la première année passée en institut universitaire de formation des maîtres en qualité d’allocataire sont prises en compte pour la constitution et la liquidation du droit à pension de retraite, sous réserve de la titularisation dans le corps enseignant » – c’est bien logique – « et dans des conditions fixées par décret en Conseil d’État. Cependant, en l’absence de décret d’application, ces dispositions ne sont jamais entrées en vigueur. »

Cette pratique jette l’opprobre sur l’action de la représentation nationale. Les bénéficiaires de ce décret en attente ont été suffisamment patients. Après vingt-huit ans, le délai raisonnable est plus que dépassé.

J’ai conscience, monsieur le secrétaire d’État, que vous héritez d’une situation kafkaïenne, voire scandaleuse. C’est une chose de la constater, de la déplorer, mais il faut désormais la corriger. Pouvez-vous m’indiquer si un décret permettant la rétroactivité des droits est envisagé à court terme ? Au nom de la sécurité juridique, de la confiance légitime dans les institutions, il est de la responsabilité du ministère de l’éducation nationale de mettre fin à ce préjudice et à cette injustice.

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