Intervention de Annie Jarraud-Vergnolle

Réunion du 27 octobre 2008 à 21h30
Revenus du travail — Article 3, amendement 20

Photo de Annie Jarraud-VergnolleAnnie Jarraud-Vergnolle :

Avant de présenter cet amendement, je tiens à vous dire, monsieur le ministre, que l’amendement n° 20 rectifié que vous avez défendu tout à l'heure reprend certaines dispositions contenues dans la proposition de loi déposée par Mme Bricq.

L’article 3 de ce projet de loi s’inscrit dans la stratégie globale que vous déployez depuis plusieurs années maintenant avec le MEDEF pour détruire toutes les dispositions qui constituent le statut salarié, lequel a été difficilement acquis à partir du xixe siècle.

Vous avez bricolé le code du travail, vous avez démantelé la législation relative à la durée du travail, vous avez supprimé le principe de faveur des accords de branche, vous avez réduit à néant les droits des demandeurs d’emploi, vous vous attaquez méthodiquement au financement de la protection sociale, qui est indispensable, surtout pour les plus modestes d’entre nous, vous détruisez les services publics essentiels pour assurer la cohérence territoriale et la cohésion sociale de notre pays.

Sous couvert de mener une réforme indispensable, qui n’est que l’imitation servile et à contretemps d’un libéralisme sous respiration artificielle, les gouvernements qui se succèdent depuis 2002, mais surtout depuis 2007, se comportent comme une machine à broyer.

Les salariés, les chômeurs, les étudiants, les retraités, tous subissent déjà cet acharnement. Demain, ils devront, de surcroît, se priver d’une part de leurs revenus pour remédier aux errements de ce système financier sur l’autel duquel on les sacrifie.

L’article 3 de votre projet de loi n’en est que plus choquant dans la mesure où il vise à diminuer encore les salaires des plus mal rémunérés de nos concitoyens, au prétexte qu’ils ne sont pas compétitifs avec les salariés des pays en développement. Vous commettez ainsi à la fois une faute sur le plan social et une erreur sur le plan économique.

Notre économie tient largement par la consommation. Or nous sommes dans un système qui implose. On n’hésite pas à nous « seriner » que l’argent ne manque pas, qu’il y a des liquidités, mais que c’est la confiance qui fait défaut.

En effet, le salarié au SMIC n’a confiance ni en vous ni dans le système bancaire. Il est dépourvu de liquidités et est, en permanence, sur la corde raide. Aujourd’hui, il est presque hors jeu, réduit à la débrouillardise et au hard discount pour boucler ses fins de mois.

Réduire son salaire direct revient à réduire encore, je le précise, sa capacité à consommer, et cette décision aura des conséquences sur les entreprises, qui vont avoir besoin non seulement de crédits, mais également de débouchés pour assurer leurs propres fins de mois ! Soutenir l’économie, ce n’est pas seulement mettre en place un plan de soutien en faveur des entreprises, c’est aussi leur assurer le retour sur investissement.

Nous le savons tous, ce sont non pas les hauts revenus, sérieusement écornés, qui vont relancer l’économie réelle, mais la consommation des millions de gens modestes. Il faudrait leur permettre d’accéder à la consommation pour « relancer la machine ».

Poursuivre la politique de destruction du statut salarial est aujourd’hui un contresens, et nous sommes totalement opposés à la machinerie que cet article met en place.

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