Cet amendement vise à conserver la date de fixation du SMIC au 1er juillet de chaque année.
Nous ne croyons pas que la fixation au 1er janvier soit simplement une mesure de facilité comptable. À l’évidence, il s’agit de répondre à la demande récurrente du MEDEF d’annualiser le SMIC.
La situation des salariés rémunérés au SMIC est suffisamment difficile au quotidien pour que l’on n’y ajoute pas une telle disposition. Votre objectif, monsieur le ministre, qui a été fixé par les représentants du patronat, est de mettre en place un SMIC compétitif tel que celui du Portugal ou des pays de l’Est, dont le montant serait d’environ 400 euros, et qui serait complété par un RSA, pour dépasser tout juste le seuil de pauvreté.
Il n’est tout simplement pas concevable de prévoir un élément de variabilité sur l’année : ce serait envoyer directement les personnes et les familles qui seront victimes de ce système dans les associations caritatives ou les obliger à avoir un second emploi, voire un petit boulot au noir, pour boucler leurs fins de mois.
Au demeurant, il est aujourd’hui démontré que ce n’est pas le niveau du SMIC, tout au moins pour les salariés à temps plein, qui pose le plus gros problème. C’est la précarité, qui n’est absolument pas compensée par une politique de sécurisation des parcours et par une formation continue pour décrocher des emplois qualifiés et à temps plein.
Votre politique est de maintenir délibérément tout un pan de la population salariée dans l’insécurité, en accordant aux personnes concernées des « bouts » d’emploi précaires et sous-payés, destinés à être complétés par la prime pour l’emploi et le revenu de solidarité active.
À terme, cela aboutira à une gestion de la main-d’œuvre totalement contre-productive. Vous appliquez cette politique parce que vous estimez qu’une partie de cette main-d’œuvre souffre d’un « défaut d’employabilité », pour utiliser le jargon moderne.
Mais, en réalité, vous ne faites rien pour améliorer cette employabilité, vous vous contentez de constater une situation, sans y porter remède, et de donner à notre économie les moyens d’un développement conforme aux exigences de la mondialisation. En somme, c’est exactement le contraire de ce que devrait faire un gouvernement porteur d’autres perspectives que la diminution de la fiscalité des personnes les plus aisées.