Intervention de Marie Mercier

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 28 novembre 2019 à 8h35
Examen du rapport d'information sur robotisation et emplois de service

Photo de Marie MercierMarie Mercier, rapporteur :

Nous sommes arrivés au terme de nos travaux consacrés au vaste mouvement de déploiement de machines intelligentes et d'outils d'intelligence artificielle dans le secteur des services et à l'impact sur l'emploi de ce que l'on appelle parfois la « 4ème révolution industrielle ». Le socle de cette révolution est technologique : elle se fonde sur la diffusion rapide du numérique sous toutes ses formes et le développement de l'intelligence artificielle. Les possibilités offertes sont vertigineuses, mais le corolaire est que les problèmes pourraient l'être aussi.

Nous avons tenté dans notre rapport de cerner en quoi consistait cette révolution dans les activités de service. Quelle forme prend aujourd'hui la robotisation et l'automatisation ? En quoi les emplois existants sont-ils menacés ou appelés à évoluer ? Il faut d'abord identifier l'objet dont nous parlons. Les robots existent depuis longtemps dans l'industrie. Ils accomplissent des tâches répétitives avec force et précision, sans état d'âme, sans fatigue. Ils ont largement remplacé les ouvriers dans le travail à la chaîne, ce dont on peut se satisfaire car ce travail à la chaîne est peu épanouissant. Un seul exemple : pour fabriquer des composants électroniques, on ne peut pas se passer de machines.

Simplement, les robots d'aujourd'hui ne sont plus les machines d'hier qui étaient finalement assez simples : mono-tâches et difficilement adaptables. De plus en plus, les robots sont dits « intelligents ». Ils sont capables d'interagir avec leur environnement, de collaborer avec les humains : on parle alors de « cobots ». La révolution à laquelle nous assistons combine plusieurs « briques technologiques » : mécanique, électronique, informatique, intelligence artificielle, réseaux ....

Un point est fondamental : les progrès spectaculaires de l'intelligence artificielle, fondés notamment sur l'analyse de très nombreuses données et les techniques d'apprentissage automatique et d'apprentissage profond (deep learning) par les machines, ont démultiplié les capacités de ces équipements, permettant de développer des fonctionnalités très innovantes comme les robots conversationnels ou « chatbots », que l'on retrouve dans tous les systèmes à commande vocale aujourd'hui.

L'intelligence artificielle permet aussi de considérer comme envisageable de faire circuler des véhicules autonomes : dans les entrepôts d'Amazon, les transpalettes ont été remplacés par des chariots automatisés qui se déplacent tout seuls dans les rayonnages. On voit cela aussi en pharmacie.

Avec l'intelligence artificielle, l'automatisation de tâches complexes est à portée de main, et laisse miroiter l'espoir de gains de productivité incroyables, par exemple pour effectuer une analyse de jurisprudence dans une base de données juridiques.

Ces nouvelles technologies se diffusent dans l'industrie, même si la France accuse un certain retard dans le processus d'installation de robots industriels. Mais le secteur des services est aussi un terrain privilégié de leur déploiement : dans la logistique et les transports, dans la sécurité et la défense, dans les services financiers, dans le soin et la santé, dans l'énergie et l'environnement, mais aussi dans le commerce, le tourisme et les loisirs.

Les robots intelligents prennent de multiples formes : avec une enveloppe physique proche de l'homme, les robots humanoïdes son particulièrement impressionnants : Nao, Pepper, ou encore Atlas, laissent penser que nous pourrons bientôt les regarder agir pour nous à notre place. Les robots du secteur financier qui achètent et vendent des titres automatiquement dans des salles de marché virtuelles n'ont pas d'enveloppe matérielle mais manipulent des sommes colossales et remplacent les traders.

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