Il s’agit d’un amendement charnière, en lien direct avec le projet de loi Engagement et proximité.
Dans le cadre de la nouvelle carte intercommunale, certains EPCI devront rendre des compétences à leurs communes membres, ce qui se traduira par une diminution de leur coefficient d’intégration fiscale et donc de leur dotation d’intercommunalité. Cet amendement vise donc à reverser cette dotation, lorsque le CIF n’est pas inférieur à 0, 4, aux communes membres au prorata de leur population.
Il s’agit d’une vraie question. Les fusions entre EPCI ont pu aboutir, dans le projet de loi Engagement et proximité, à un alignement à la baisse de l’intégration. Les DGF communale et intercommunale sont habituellement séparées. Or les dispositions de cet amendement introduisent une sorte de flux de la dotation intercommunale vers les communes.
La dotation d’intercommunalité repose sur le principe du coefficient d’intégration fiscale, l’un des rares critères à prendre la mesure des charges existantes sur un territoire. C’est une notion assez nouvelle et intéressante. Le CIF a été le moteur de toute l’intercommunalité.
Si nous comprenons le souci de nos collègues de la commission des lois, permettre la restitution de cette dotation d’intercommunalité aux communes constitue une incitation à ne plus mutualiser les compétences, ce qui peut conduire à une désintégration totale de l’intercommunalité.
Par ailleurs, cette mesure ferait perdre des dotations aux intercommunalités qui s’intègrent. Celles qui devaient obtenir une dotation supplémentaire en raison de leur plus grande intégration ne la percevront plus nécessairement, puisque les intercommunalités qui se désintègrent, si j’ose dire, devront restituer au fonds commun.
Nous avons cherché, avec les membres de la commission des lois, comment mieux arbitrer ce système. Si nous avions la garantie que ce dispositif ne se transforme pas en entreprise de désintégration de l’intercommunalité, nous pourrions l’accepter.
Or le seuil de 0, 4 – il vaut ce qu’il vaut – montre justement votre souci de ne pas désintégrer l’intercommunalité, même s’il me semble qu’entre le plancher et le plafond du CIF, il n’y aura bientôt plus que l’épaisseur du trait…
J’aurais préféré que l’on abandonne franchement la progression du CIF et qu’on choisisse d’autres critères. C’est sans doute ce qu’il faudrait faire. Cet amendement a paru intéressant à la commission, dans la mesure où il tend à fixer une borne, mais aussi, même s’il n’est pas un amendement d’appel, à ouvrir le débat.