J'ai grand plaisir à retrouver dans votre discours la même humanité, la même exigence intellectuelle et la même distance par rapport à certains comportements corporatistes que celles dont vous faisiez preuve en tant que directeur des musées de France.
Ayant travaillé au ministère de la culture, je me souviens que le principe d'inaliénabilité des collections suscitait déjà des interrogations à l'époque. Très souvent, il était reproché aux conservateurs de garder certaines oeuvres dans les dépôts, alors qu'il aurait été sans doute plus intéressant de les vendre, un peu sur l'exemple de ce que font certains musées américains, voire de les diffuser plus largement. Le principe d'inaliénabilité était souvent perçu comme une résistance corporatiste de la profession, qui souhaitait conserver la mainmise sur les collections.
Je trouve au contraire qu'il serait intéressant de considérer, comme vous le faites, que le principe d'inaliénabilité permet de tendre vers une meilleure coopération. Le fait de détenir des collections est un levier pour développer des échanges avec des pays dont les moyens sont bien moindres. Il conviendrait d'avoir une vision plus universaliste de notre patrimoine, car il n'est pas seulement celui de la France : c'est celui de l'humanité.