Il s'agit d'introduire une dérogation pour ne pas infliger à la femme qui vient de perdre son époux une douleur supplémentaire en l'empêchant de poursuivre l'AMP. En effet, le texte actuel prévoit que la femme devra renoncer à l'embryon conçu avec son conjoint compagnon, tout en lui donnant la possibilité d'accueillir l'embryon d'un autre couple. C'est paradoxal ! Toutefois, l'embryon qu'elle avait conçu avec son époux s'inscrivait dans un projet parental, et si le mari disparaît, le projet change aussi. En réalité, l'argument majeur est qu'il ne faut pas traumatiser davantage la femme endeuillée. C'est une situation extrêmement délicate. Mais il faut aussi, me semble-t-il, prendre en compte l'intérêt de l'enfant. Celui-ci est-il vraiment respecté si on le fait naître d'un mort ? C'est un héritage particulièrement lourd à porter. J'ai consulté des pédopsychiatres : il est très difficile de se construire une filiation en sachant que l'on est né d'un père mort. C'est pourquoi, j'émets un avis défavorable. L'intérêt de la femme doit être mis en balance avec l'intérêt de l'enfant ; il est difficile de naître avec une couronne mortuaire dans le berceau.