Intervention de Olivier Véran

Réunion du 5 mai 2020 à 14h30
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Article 5

Olivier Véran :

Madame Deroche, il peut arriver, et j’en suis désolé, qu’un masque soit trop petit ou qu’il soit moins utilisable. Mais tous les masques qui ont été commandés par l’État répondent aux normes de marquage CE ou équivalent. Tous sont testés à leur arrivée dans les aéroports, ce qui explique qu’ils soient retenus quelques jours dans les douanes, avant d’être déstockés et livrés aux pharmacies.

Certains masques peuvent être périmés, c’est-à-dire que leur date limite d’utilisation est passée de quelques mois. Ces masques ont été testés conformes par les autorités de santé – l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) –, qui ont vérifié que leurs capacités de filtration antibactérienne étaient normées au moins au-dessus de 97 % et que leurs capacités de respirabilité étaient largement satisfaisantes. Cela nous a permis de déstocker ces masques en toute confiance.

Madame Deroche, je sais que vous ne pensez pas à mal, mais je ne puis vous laisser suggérer que les masques de la grande distribution pourraient être de meilleure qualité que ceux qui ont été distribués par l’État.

Premièrement, ce sont les mêmes masques. Ils sont commandés auprès des mêmes fabricants et ils arrivent dans les mêmes avions.

Deuxièmement, les masques qui ont été déstockés en quantité auprès des soignants par l’État sont normés, même si, sur 400 millions de masques commandés, certains peuvent certes être défectueux ou moins adaptés, ce que je regrette vivement.

Nous avons déstocké 40 millions, puis 45 millions de masques par semaine à destination des hôpitaux, des Ehpad, des aides à domicile et des pharmacies d’officine dont le rôle a été primordial depuis le début de la crise pour répartir les masques auprès des professionnels de santé de ville. Nous avons ensuite porté ce nombre à 70 millions la semaine dernière, puis à 100 millions par semaine depuis cette semaine.

Cette forte augmentation permettra de fournir très largement l’ensemble des soignants, mais également de commencer à en distribuer aux personnes vulnérables et aux personnes malades sur ordonnance. Autrement dit, nous allons retrouver un mode de fonctionnement classique, au sens où l’offre sera adaptée à la demande, mais dans un contexte qui n’a lui rien de classique, puisque nous consommons 100 millions de masques par semaine, soit plus de vingt fois la consommation habituelle dans notre pays. Mais désormais, l’offre est capable de répondre à la demande.

Encore une fois, je vous en conjure, faisons attention à ce que nous disons. Si le médecin qui vous a interpellée vous adresse un masque défectueux, nous pourrons en vérifier ensemble la référence quand nous nous reverrons la semaine prochaine.

Vous le savez, quand j’ai pris les commandes au début de cette crise épidémique, j’ai tenu un discours de franchise aux Français quant à la difficulté que nous avions à conjuguer les stocks dont nous disposions avec les demandes des seuls soignants.

De plus, l’approvisionnement en masques est certes géré par l’État, mais il est assuré par des cellules de crise de mon ministère et de la place Beauvau. Ces cellules sont composées de volontaires issus de toutes les administrations et parfois du secteur privé, qui ont à cœur d’être utiles dans cette crise.

Je vous invite à venir les rencontrer un dimanche au ministère. Depuis plusieurs semaines, la bibliothèque a été transformée en cellule de crise bis. Une trentaine ou une quarantaine de personnes y travaillent en permanence à l’approvisionnement en masques, en écouvillons, etc. Vous me donnez l’occasion de saluer ces volontaires qui travaillent jour et nuit. Tout n’est certes pas parfait, mais ce n’est pas de leur fait ; c’est la situation qui est exceptionnelle.

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