La gestion des masques s’articule autour de deux moments clés.
Le premier moment, c’est celui où la demande de masques en France et dans le monde explose, puisque l’on passe en France d’une consommation de 5 millions de masques par semaine à plus de 100 millions, et où la production s’effondre, non pas la production française, qui a été réactivée – tout le monde a travaillé énormément pour doubler, tripler la capacité de production en France, mais cela n’a pas suffi –, mais la production mondiale : les usines sont fermées.
À ce moment-là, le Gouvernement publie un décret de réquisition, afin que la puissance publique se soustraie à l’ensemble des porteurs de masques pour garantir un monitoring intelligent et territorialisable des masques. Il s’agit de centraliser les ressources, pour les répartir de manière à empêcher les stocks cachés. Va alors être élaborée une doctrine d’utilisation, en fonction du nombre de masques dont nous disposons.
Pardonnez-moi de rappeler que, normalement, ce n’est pas l’État qui fournit des masques aux médecins de ville ou aux chirurgiens-dentistes ; ceux-ci se ravitaillent auprès de leurs propres fournisseurs. L’État n’avait alors jamais distribué gratuitement des millions de masques à des professionnels de santé en ville pour qu’ils puissent se protéger dans leur cabinet.
Il ne faut pas oublier que, pendant cette période, aucun professionnel de santé n’a pu non plus se fournir en matériel de protection par l’intermédiaire de ses fournisseurs habituels, tout simplement parce qu’il n’y avait plus de production. D’ailleurs, les voies de transport étaient telles qu’un pont aérien a été mis en place par la France entre la France et la Chine.
Au cours de cette période, ni la grande distribution, ni le dentiste libéral, ni l’hôpital psychiatrique de la région PACA n’était en mesure de faire entrer des masques sur le territoire national. L’État s’est donc substitué aux responsabilités de chacun pour assurer la distribution des masques. Voilà qui explique la réquisition. Il ne faut pas inverser les choses !
Depuis peu, la production de masse a repris de façon très abondante en Chine. Comme nous avons été les premiers à passer des commandes nombreuses, nous avons été parmi les premiers. Je ne rappellerai pas les épisodes dignes d’un western sur les tarmacs des aéroports chinois, où les pays essayaient de se voler les masques à grand renfort de mallettes peines de billets.
Reste que les masques sont entrés sur le territoire par dizaines, voire centaines de millions.