Intervention de Olivier Véran

Réunion du 5 mai 2020 à 14h30
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Articles additionnels après l'article 5

Olivier Véran :

Ce sera, monsieur le président, un avis défavorable sur le fond et une proposition de retrait sur la forme, car ces amendements sont satisfaits.

Ils sont satisfaits sur la forme, car il revient au Premier ministre, dans le cadre du décret qu’il doit rédiger, de déterminer quels sont les lieux accessibles au public, et dans quelles conditions, durant cette période.

Il n’est pas nécessaire de l’inscrire dans le marbre de la loi. Ou alors, ne nous limitons pas aux plages, aux forêts et aux lacs, et écrivons dans la loi tout ce qui est autorisé et tout ce qui ne l’est pas. En effet, une rédaction posant un principe d’interdiction générale d’accessibilité, sauf exception pour les plages et les forêts, tout en renvoyant au Premier ministre le soin de préciser par décret ce qui est autorisé serait quelque peu étrange. Ne serait-ce que pour ce motif, je demande donc le retrait de ces amendements.

Sur le fond, le problème n’est pas de savoir si l’on peut faire ou non respecter les gestes barrières et la distanciation physique sur les plages. Je suis convaincu, comme vous, qu’un maire totalement responsable, en collaboration avec un préfet, est fondé à prendre des mesures pour faire respecter des règles de distanciation permettant, en théorie en tout cas, de marcher sur la plage.

J’échangeais librement sur une chaîne de télévision, la semaine dernière, avec un maire du Calvados qui m’interpellait sur la question des plages. Il me reprochait de ne pas assez prendre en considération le fait que l’activité touristique, donc l’accès aux plages, était absolument essentielle et indispensable pour une commune comme la sienne. En d’autres termes, il m’accusait de tuer le tourisme en fermant les plages.

Je lui ai répondu que je le comprenais. En effet, je peux me mettre à la place du maire d’une commune du littoral, quel qu’il soit, qui se trouve dans l’incapacité d’ouvrir ses plages avec l’arrivée des beaux jours. Je pense aussi à tous les commerçants, les crêperies, les bars, les restaurants, les loueurs de vélos, bref, à toute cette activité économique que l’on adore dans notre pays, qui ne vit essentiellement que quelques mois par an et qui se voit privée de ressources.

Toutefois, dire que les plages sont consubstantielles à l’activité touristique et les laisser ouvertes, dans le Calvados ou ailleurs, c’est accepter qu’il y ait des mouvements de population importants. Ayez en tête que le maire dont je vous parle voit la population de sa commune passer de 2 200 habitants à 20 000 habitants l’été. Ces habitants supplémentaires ne viennent pas tous du même endroit, et certainement pas du Calvados.

Par conséquent, une telle mesure reviendrait à encourager des mouvements de population tout à fait légitimes ; des personnes ne pouvant résister à l’appel de la mer et de la plage s’en iraient disséminer du virus un peu partout, et ce malgré la limite des 100 kilomètres. Nous en sommes tous intimement convaincus : si l’on rouvre les plages, l’activité touristique va repartir, ce qui sera formidable pour l’activité de notre pays, mais formidable aussi pour le virus.

C’est pour cette raison que nous demandons encore un peu de temps et d’efforts à la fois aux maires, aux commerçants et aux populations qui aspirent, comme j’y aspire, je vous le garantis, à se faire dorer au soleil ou à faire des randonnées sur la plage, les pieds dans l’eau. Pas tout de suite ; encore un peu de temps !

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