Il s’agit là d’un débat riche, très intéressant et attendu. À cette heure, la question n’est pas tranchée. Je me contenterai donc de formuler quelques rappels.
Tout d’abord, sur la forme, ces amendements ne visent pas à rouvrir les plages, mais à permettre leur réouverture par décret. Une telle injonction permettrait à certains élus d’accroître la pression exercée sur le Gouvernement. Mais un décret signé par le Premier ministre suffit, aujourd’hui, pour rouvrir les plages : il n’est pas nécessaire de recourir à la loi. En outre, à compter du 2 juin, selon l’évolution de l’épidémie, le Gouvernement pourra, à tout moment, procéder par décret pour rouvrir, sous conditions, tout ou partie des plages.
Cette solution reste tout à fait possible. Certes, on a fixé une période de trois semaines avant de réexaminer la situation ; mais cela ne signifie pas que l’on ne peut pas se poser de questions suivant l’évolution de la situation épidémique.
Mesdames, messieurs les sénateurs, je dispose des derniers chiffres fournis par Santé publique France. Dans les vingt-quatre dernières heures, 111 nouveaux patients ont été admis dans les réanimations françaises à cause d’une infection au coronavirus ; ce chiffre reste élevé. De plus, 1 104 patients ont été diagnostiqués par test PCR, et près de 1 000 nouveaux patients ont été hospitalisés.
Certes, la saturation des hôpitaux diminue. Le nombre de lits occupés en réanimation a baissé de 266. Les patients Covid en réanimations occupent, désormais, 3 430 lits. On est loin des 7 000, mais, si l’on ajoute à ce chiffre le nombre des malades hors Covid, 6 400 patients sont hospitalisés en réanimation. Ces services souffrent ; ils sont en grande tension. De surcroît, le nombre de patients hospitalisés est encore de 24 775 : c’est 773 de moins, mais – je vous l’ai indiqué – de nouveaux malades sont arrivés.
En d’autres termes, l’épidémie n’est pas terminée et la levée du confinement, progressive à partir du 11 mai prochain, n’est pas le retour à la vie d’avant. Tout le monde aimerait aller à la plage, mais personne n’a envie d’attraper le virus !
Les conditions retenues n’ont pas été fixées au doigt mouillé, en se limitant à tel ou tel aspect. Les autorités chargées des questions sanitaires et scientifiques ont été saisies systématiquement. Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a remis un avis ; le conseil scientifique a fait de même ; des discussions fournies ont été menées pour déterminer dans quelles conditions l’on pouvait ouvrir tel ou tel lieu.
On parle de limiter les rassemblements à moins de dix personnes. On annonce qu’il n’y aura pas de mariages festifs, en famille, au mois de mai, peut-être même en juin. Il s’agit pourtant d’événements extrêmement importants. Dans les lieux de culte comme dans les grands musées, l’heure est encore aux restrictions d’accès.
J’ai été très sensible à certaines de vos interventions, car, moi aussi, j’ai rencontré des élus de territoires littoraux, et ces derniers m’ont dit : « Surtout, faites en sorte que les habitants de Paris ou de Lyon ne se ruent pas dans les TGV, ne se précipitent pas dans leur voiture pour passer la phase post-confinement sur nos plages ! »
En prononçant ces mots, c’est aux populations du littoral que je pense. J’entends la comparaison avec la Suisse, mais je pose la question : pourquoi le Haut-Rhin a-t-il été frappé et non l’Isère ? Pourquoi le Bas-Rhin a-t-il été touché et non la Dordogne ? Pourquoi, nonobstant l’unité de la Nation française, tel département a-t-il été si durement touché alors que tel autre a été épargné ou n’a pas connu de vague épidémique ?
Vous le savez pour l’avoir vécu : lorsqu’une épidémie commence dans un territoire, on est obligé de couper toute activité pour empêcher qu’elle ne s’étende encore et encore. C’est le seul moyen de freiner la circulation du virus.
Voilà pourquoi il faut résister à ces velléités : sinon, l’on multiplierait, de manière involontaire, certes, mais bien réelle, les foyers épidémiques viraux sur notre territoire. Ne commettons pas cette erreur !
Croyez-moi : dès que nous aurons la certitude que le virus est au tapis, qu’il suffit de l’achever et que l’épidémie ne peut pas reprendre, nous rouvrirons les plages, nous ferons en sorte que les Français reprennent leur vie d’avant et nous développerons le secteur touristique. Nous serons fiers d’ouvrir nos frontières et d’accueillir les visiteurs sur tous les points de notre beau pays !
Au demeurant, j’indique que les forêts n’ont jamais été fermées.