Ce débat nous fournit des informations précises. Le logement est un produit de marché. L'establishment français est réticent vis-à-vis de cette question. Il cherche à contourner, d'où le flux d'argent public utilisé en tentative de correction de ces mécanismes de marché. Nous passons trop de temps à contourner une réalité impérieuse : l'augmentation de la demande de logements, qui restera dynamique sous l'effet de deux facteurs principaux.
Le premier est la croissance brute de la population. La France doit loger 350 000 habitants supplémentaires chaque année, ce qui est une particularité en Europe. En outre, l'évolution de la structure des familles fait que nous irons inéluctablement vers une réduction de la taille des ménages, au moins pour les 30 années à venir. Les personnes âgées sont un marché en croissance considérable, tout comme celui des parents isolés.
En conclusion, nous n'avons comme perspective d'action que de faciliter l'offre de logement et de faire en sorte que l'offre apparaissant sur le marché de l'investissement immobilier réponde à peu près à cette demande afin de freiner la hausse des prix. Je regrette que notre champ de discussion ne soit pas d'encadrer le sujet du marché locatif. Devant les difficultés de logement, je crains que les maillons faibles de notre société soient les locataires. Les trois quarts d'entre eux ne souhaitent pas intégrer le parc du logement social pour diverses raisons. Ceux qui sont et seront les perdants des cinq à dix prochaines années sont les locataires.
Nous ne pouvons plus rien faire sur le plan fiscal. Nous déversons de l'argent pour rendre l'investissement locatif extrêmement rentable comparé aux investissements financiers. J'ai trente ans de travail au Parlement et au Gouvernement, et plus de quarante ans de mandat local. J'ai toujours entendu la proposition de remise sur le marché de logements vacants qui donne lieu à de nombreuses propositions, dont la surtaxe d'habitation. Cette surtaxe vise à remettre des logements vacants sur le marché. Ceux qui en ont les moyens à Paris et à Nice paieront ces sommes, et peu de logements seront remis sur le marché.
Le problème majeur est lié à l'offre. J'entends la tonalité unanime des campagnes municipales. Tout le monde arrivera en responsabilité le mois prochain en affirmant avoir été mandaté pour construire le moins possible et déranger le moins possible les propriétaires, lesquels ont très bien compris qu'il était avantageux pour eux que l'on ne construise pas trop. Je tenais à souligner le caractère central de la production d'offre et la tentation que nous avons, la plupart du temps, de regarder ailleurs.