Cette proposition me semble intéressante, parce que nul ne sait ce qui se passera à l’avenir, par définition. On peut très bien se retrouver dans un cas de figure identique, qui trouble le cycle électoral, comme cela a été le cas.
En effet, rappelons les circonstances : dans son discours du 12 mars, trois jours avant le scrutin, le Président de la République a demandé explicitement aux personnes de plus de 70 ans de rester chez elles. Puis, coup de grâce, le Premier ministre a déclaré, dans son discours du 14 mars, la veille du scrutin, qu’il fallait fermer, de toute urgence, le soir même, les cafés et les restaurants.
On ne peut pas dire que les circonstances aient été favorables et que le Gouvernement ait fait preuve d’une cohérence dans les mesures qu’il a prises pour limiter les effets de l’épidémie. Cela a eu une conséquence claire, que M. Sueur n’a pas rappelée, mais qui est précisée dans l’objet de son amendement : selon le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), qui va étudier plus en profondeur cette situation, deux tiers des personnes de plus de 65 ans ne sont pas allés voter en raison, explicitement, du risque sanitaire.
On constate bien là les conséquences du télescopage malheureux des déclarations et leur effet de parasitage sur le vote. On devrait donc se pencher très longuement sur cette question.
Par ailleurs, monsieur le ministre, l’argument tiré des 80 millions d’euros ne pèse pas par rapport à l’enjeu, à savoir que le scrutin municipal, très important pour les Français, se déroule dans de bonnes conditions.
Enfin, les questions de calendrier, d’anticipation et de déplacement au bureau de poste ne sont pas des obstacles dirimants au point de nous interdire d’envisager, à terme, le vote par correspondance, qui permettra de remédier à toutes les difficultés auxquelles nous nous sommes heurtés.