Intervention de Patrick Kanner

Réunion du 16 juillet 2020 à 10h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Patrick KannerPatrick Kanner :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la responsabilité qui est la vôtre, monsieur Castex, est lourde. En prenant les rênes du Gouvernement, vous avez le devoir de conduire la politique de notre pays. Cette tâche est écrasante, nous le savons, et elle revêt aujourd’hui un caractère particulier, que l’on pourrait qualifier d’historique.

Historique comme la crise que nous traversons. Dans une telle période, votre rôle est de veiller à ce que les Français soient protégés, face à un virus mortel pour certains organismes, face aux conséquences d’une maladie qui mine nos habitudes, nos manières de vivre, de travailler, face à l’effondrement économique et social, qui a été abordé à plusieurs reprises dans les discours précédents, alors que les signes avant-coureurs d’une seconde vague se multiplient.

Le Président de la République, qui vous a précédé dans les annonces et les déclarations, a voulu tracer un nouveau chemin et a évoqué « les jours heureux ». Aussi, c’est une déception, monsieur le Premier ministre, quand nous découvrons vos déclarations, tant à l’Assemblée nationale que, aujourd’hui au Sénat.

Un élément manque, mes chers collègues : c’est l’urgence. Le groupe socialiste et républicain vous demande d’agir depuis de longs mois. Un plan de relance d’ampleur devrait être lancé ; malheureusement, à chacune de nos demandes, c’est la même rengaine : « Vous allez voir ce que vous allez voir dans le prochain projet de loi de finances rectificative ! » « Vous allez voir ce que vous allez voir au mois de septembre ! » Finalement, je pense que nous verrons réellement quelque chose dans le projet de loi de finances pour 2021…

C’était hier, monsieur le Premier ministre, que vous auriez dû avancer sur cette question, et non pas au mois de septembre prochain. De la rapidité et des conditions mêmes de la reprise dépendront le coût économique, social et environnemental, mais aussi politique de la crise. Chaque jour perdu accroît la facture, accroît la fracture.

Votre majorité en a été la première victime lors des élections municipales du 15 mars et du 28 juin dernier. E j’ai bien compris que, aujourd’hui, il y avait une nouvelle victime, à savoir le président du groupe La République En Marche de l’Assemblée nationale.

Les réactions rapides que vous avez eues, avec le chômage partiel et les reports de charges, étaient nécessaires. Toutefois, ces mesures restent conjoncturelles. Elles ne dessinent en rien un futur rassurant pour les Français, qui subissent de plein fouet les plans sociaux et la baisse du pouvoir d’achat.

Je regrette d’ailleurs que, dans vos annonces, le pouvoir d’achat soit quasiment absent, exception faite pour les personnels soignants.

Après deux mois de confinement et une crise économique et sociale d’une ampleur historique, nous sommes placés face à un triple défi : soutenir le pouvoir d’achat amputé par la crise de ceux qui ont les revenus les plus modestes ; réorienter vers la consommation et l’investissement l’épargne que les ménages ont constituée pendant la période de confinement – 55 milliards d’euros ! – ; accompagner les secteurs dont l’activité a été la plus affectée – je pense à l’hôtellerie, à la restauration, aux loisirs ou à la culture, monsieur le Premier ministre, un secteur qui, manifestement, vous intéresse peu, d’après vos différents discours.

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