Intervention de Jean Desessard

Réunion du 25 juin 2008 à 15h00
Droits et devoirs des demandeurs d'emploi — Article 2

Photo de Jean DesessardJean Desessard :

Par cet amendement, nous demandons la suppression de l’article 2, qui prévoit, comme vient de l’expliquer parfaitement Mme David, la création de sanctions à l’égard des chômeurs. Or nous estimons que ces derniers sont déjà suffisamment sanctionnés, isolés et exclus.

Nous souhaitons supprimer la possibilité de radier les demandeurs d’emploi des listes sur la base de la notion d’« offre raisonnable d’emploi ». Cette logique de sanction est fondée sur un postulat inexact et insultant, à savoir que le chômeur qui ne trouve pas d’emploi est en faute et donc responsable de la situation dans laquelle il se trouve.

Vous ne cessez de répéter, monsieur le rapporteur, monsieur le secrétaire d’État, que la majorité des chômeurs recherche un emploi. C’est évident, ils aspirent à travailler ! Il faut donc cesser de brandir comme un épouvantail la figure du chômeur « paresseux ». Ce n’est d’ailleurs pas seulement pour des questions financières que le demandeur d’emploi veut travailler, mais aussi pour jouer un rôle dans la société, pour exister, pour être utile. Il ne s’agit pas seulement d’une reconnaissance financière, mais aussi d’une reconnaissance sociale.

Nous avons eu dans cet hémicycle un débat sur les stagiaires, qui travaillaient trois mois, six mois, un an, deux ans, voire trois ans, pour accéder au marché de l’emploi, tout en étant rémunérés 300 euros par mois ! Nous avons pris quelques mesures, certes, mais de portée très limitée. L’exemple des stagiaires le montre bien, les gens aspirent à travailler pour pouvoir s’insérer socialement et gagner leur vie.

Par conséquent, l’idée selon laquelle les chômeurs ne veulent pas travailler est très relative ! Nous refusons d’entrer dans votre logique de culpabilisation des demandeurs d’emploi et de désengagement de l’État.

Si vous voulez faire travailler les gens, monsieur le secrétaire d’État, il existe une solution toute simple ! Vous pourriez dynamiser les bassins économiques dévastés, lancer un grand plan national d’emploi dans les hôpitaux, dans l’éducation et la justice ! N’y a-t-il pas besoin de personnel pour traiter tous les dossiers en retard ? Lancez un appel, et vous verrez que nombreuses seront les personnes qui souhaiteront travailler dans la santé, la justice ou l’éducation !

Nous refusons de contraindre les chômeurs à accepter des emplois à n’importe quelle condition, à dévaluer leurs compétences et leurs aspirations, à hypothéquer leurs conditions de vie. Nous refusons de nourrir la spirale de la précarité !

Faites-vous la différence, monsieur le secrétaire d’État, entre un diplôme et un concours ? Normalement, quand on travaille, on a toutes les chances d’obtenir son diplôme, bien que celui-ci soit peut-être destiné, au bout du compte, à éliminer des candidats : en éliminant 10 % à 15 % des postulants, on peut penser en effet qu’on relève le niveau.

Un concours, c’est totalement différent, puisque deux cents candidats peuvent se présenter pour deux places ! Si tous se mettent à travailler, cela ne change rien au fait que seules deux places sont accessibles.

Le problème de l’emploi s’apparente à celui du concours. On peut certes demander aux chômeurs de parcourir des kilomètres supplémentaires et d’accepter de percevoir des salaires moindres, cela ne changera pas le nombre d’emplois disponibles ! On dit : « Travaillez plus, faites des efforts, gagnez moins, faites davantage de kilomètres, vous aurez plus de chances ! » En réalité, c’est imposer des conditions plus pénibles, pour toujours aussi peu de chances de trouver satisfaction.

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